Yves VINCENT

1ère interview (2007) / 2ème interview (2013) à propos de Hibernatus / 3ème interview à propos de ses mémoires (2014) / Une biographie du comédien

 

aaaaaaaaaNé en 1921, Yves Vincent passa une grande partie de sa jeunesse en Algérie. Il commenca sa carrière dans la troupe de la comédie de Radio-Algérie en tant que speaker. Avec un physique athlétique, Yves Vincent s'est vite imposé à l'écran, comme sur les planches. Il faut dire, que Yves Vincent fut tout d'abord un sportif et un excellent joueur de Water polo. Au cinéma, il tournera son premier film en 1944 au Caire avec sa mère, prélude d'une longue carrière, et on le découvrira plus particulièrement dans "Capitaine Ardant" de André Zwobola avec Renée Saint-Cyr et dans "Babette s'en va-t-en guerre" de Christian-Jaque avec Brigitte Bardot. Comédien au théâtre dans "Winterset" (1946) puis "Un Tramway nommé désir" (1949), Yves Vincent est un homme à qui les admirateurs de Louis De Funès peuvent dire merci ! Vous découvrirez dans cette interview pourquoi cette gratitude est légimtime et comment cet acteur arriva à tourner dans "Le Gendarme se Marie" (1968), "Hibernatus" (1969) et "Le Gendarme en Balade" (1970). Il était un comédien habituel de "Au théâtre ce soir", des "Cinq Dernières Minutes" avec Raymond Souplex ou encore des "Enquêtes du Commissaire Maigret". Plus récemment, entre 1988 et 1991, on le vit dans le rôle du juge Garonne dans les 390 épisodes de "Tribunal". L'élégance et la chevelure blanche (alors que jeune il avait un type brun méditerranéen assez marqué) de ce brillant acteur passionné de littérature resteront dans les mémoires. Merci beaucoup à cet homme très sympathique qui nous a accordés beaucoup de temps pour nous évoquer ses souvenirs concernant Louis de Funès.

 

L'équipe des gendarmes et le Colonel Yves Vincent en 1970

 

 

Interview de Yves Vincent du 24 mai 2007 par Franck et Jérôme

 

M. Vincent, pouvez vous nous parler de vos relations avec Louis de Funès ?

- Oui bien sûr. Cela remonte il y a fort longtemps : au commencement, Louis de Funès était pianiste et moi j'étais un comédien connu. Je montai une pièce de théâtre intitulée "Un Tramway nommé désir" dont le metteur en scène était Raymond Rouleau. Un jour ce dernier me dit lors des répétitions qu'il recherchait pour un rôle un petit homme maigre et sec. Auparavant j'avais joué dans une pièce aux Bouffes du Nord et comme je croisais un petit homme qui était pianiste, je me rappelai que celui-ci correspondait parfaitement aux attentes de Rouleau. C'était un tout petit rôle ou il n'avait qu'a dire "Allez quoi on joue !" à propos d'une partie de cartes. Le lendemain, ou le surlendemain, je ne me rappelle plus exactement, j'ai vu arriver ce pianiste et il s'agissait de Louis de Funès. Il a donc joué avec moi pendant près d'un an puisque nous avions réalisé environ 280 représentations. J'avais un rôle principal et Louis tous les soirs donnait sa petite réplique. Nous avons par la suite continué chacun de notre côté nos carrières respectives et, pendant que la mienne ne cessait de descendre, je constatais que Louis devenait de plus en plus célèbre jusqu'à devenir une véritable vedette. Par la suite, près de 20 ans plus tard, alors que ma carrière était au plus bas, je reçus un appel de Louis qui me dit: "Yves, je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, je m'appelle Louis de Funès". Je lui répondis oui et le félicitai pour sa carrière car cela marchait bien pour lui. Louis me demanda alors de jouer un rôle de colonel dans son prochain film qui était un des "Gendarmes", c'est donc ainsi que de Funès m'a renvoyé l'ascenseur ! Vous savez, c'était un véritable pitre mais je dis cela en parlant dans le meilleur sens du terme et non pas péjorativement !

 

Yves Vincent avec Louis de Funès, Olivier de Funès et Annick Alane dans "Hibernatus" (de Edouard Molinaro, 1969).

 

- Quelle était l'ambiance du plateau sur les différents films ?

- Sur les "Gendarmes", j'avais un ami qui disait simplement "Moteur" et "Coupez" et qui s'appelait Jean Girault. Sinon Louis de Funès faisait absolument tout. Par contre, concernant "Hibernatus", il y eut un incident très malheureux et qui m'a blessé personnellement. Louis était à cette époque une énorme vedette et par conséquent, il bénéficiait d'une doublure lumière qui le remplaçait lorsqu'il fallait régler auparavant les différentes lumières pour la prise que nous allions tourner. Ne disposant d'une doublure, je faisais personnellement les différents réglages avec Edouard Molinaro, le metteur en scène. Je me rappelle d'ailleurs que ce plan était assez compliqué. Quand tout fût prêt, Molinaro dit "allez chercher Louis de Funès". Lorsque ce dernier arriva, Molinaro lui dit ce qu'il attendait de lui et là, à la stupeur générale, Louis est parti dans une colère noire en lui criant qu'il ne connaissait rien au cinéma et qu'il fallait exactement faire tout le contraire ! Vous imaginez le silence sur le plateau... Lorsque Louis partit, presque en claquant la porte, pour rejoindre sa loge, le metteur en scène dit "soyez gentils de faire ce que Monsieur de Funès demande". Je constatai qu'Edouard Molinaro s'était déplacé dans un recoin du décor et qu'il pleurait. J'y suis allé, je lui ai mis la main sur l'épaule et lui ai dit "Vous savez il n'est pas méchant, juste un peu nerveux. Il ne faut pas lui en vouloir" et Edouard me dit "oui oui, je sais, ne vous en faîtes pas". Par la suite, Louis est revenu sur le plateau sans qu'on lui demande, il est passé près de moi et je lui ai fait un sourire, il me dit alors "je donnerai beaucoup pour savoir ce que tu penses". Je lui répondis : "Louis, j'ai été dans ta situation et ce que tu as fait, je ne l'aurai jamais fait !". C'est à partir de là que nos relations ont commencé à se détériorer ! Je ne peux pas vous dire beaucoup plus sur Louis, simplement illustrer les deux faces du personnage, qui était d'un talent et d'une gentillesse fantastiques mais qui en même temps était parfois un peu trop "vedette".

 

Yves Vincent avec les comédiens Louis de Funès, Daniel Ivernel et Maurice Régamey (futur réalisateur de "Comme un Cheveu sur la Soupe") dans "Un Tramway nommé désir" en 1949.

 

1ère interview (2007) / 2ème interview (2013) à propos de Hibernatus / 3ème interview à propos de ses mémoires (2014)

Page créée le 23 juillet 2007, mise à jour le 8 janvier 2014

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