Yves VINCENT

1ère interview (2007) / 2ème interview (2013) à propos de Hibernatus / 3ème interview à propos de ses mémoires (2014) / Une biographie du comédien

 

AAAAAA La biographie que nous vous présentons a été rédigée par notre ami Ludovic Rouquet, qui s'est lié d'amitié avec le comédien au cours des dernières années. Grâce à lui, nous avons régulièrement des nouvelles d'Yves Vincent, très surpris de voir des "jeunes" s'intéresser à sa carrière théâtrale et cinématographique. Outre son livre de souvenirs paru l'an dernier, le comédien s'apprête à publier son premier roman. A ce titre, nous vous informerons prochainement de cette parution... Nous remercions Ludovic pour cette biographie très complète qu'il nous livre sur son ami, le formidable comédien Yves Vincent !

Franck et Jérôme, novembre 2014

 

AAAAAA Bien qu'algérois, Yves Vincent nait à Thônes (Haute-Savoie) le 5 août 1921 où il ne reste que quelques mois, le temps que ses parents s'unissent par le mariage avant de rentrer en Algérie. Il grandit et vit à Alger jusqu'à l'âge de 21 ans où il est, tour à tour, un sportif accompli : champion du monde de water-polo en 1939, speaker à Radio Alger (d'où il apprend le débarquement anglo-américain en novembre 1942), et, enfin, étudiant au Conservatoire. Son père tient un commerce dont il conserve le goût exquis de succulentes dattes, mais la plupart des membres de sa famille sont enseignants. Le jeune Yves est dirigé vers la comédie par sa maman, une carrière que celle-ci aurait aimé embrasser. Aujourd'hui Yves Vincent ne regrette pas cette destinée mais, d'une nature discrète et réservée, il se plait à imaginer une vie qui soit moins dans la représentation : musicien, écrivain… La littérature et la musique sont, en effet, deux univers dans lesquels il excelle. A ce propos, il publie ses mémoires en 2013 : "Voulez-vous en sourire avec moi ?" aux éditions Christian Navarro ; puis un roman "Des vagues à l'âme" est à paraître d'ici 2015.

AAAAAA "Après avoir guerroyé entre Egypte et Moyen-Orient" comme il l'écrit lui-même, Yves arrive à Paris en 1945. Le comédien Henri Nassiet, avec qui il a joué au théâtre à Alger, lui présente Jacques Allain qui devient son premier impresario. A peine quinze jours dans la capitale et Yves a déjà un excellent second rôle dans la pièce " Winterset " de Maxwell Anderson adaptée par Marcel Achard. Quelques mois plus tard, il est Satanas, le remarquable lanceur de couteaux dans " La foire aux chimères (1946) de Pierre Chenal aux côtés de Madeleine Sologne, Eric van Stroheim, Louis Salou Line Renaud et Dora Doll. A partir de là, théâtre et cinéma s'entremêlent et Yves Vincent devient progressivement un acteur et un comédien de renom. Ainsi, nous le retrouvons donnant la réplique à Michel Simon avec Blanchette Brunoy, Jules Berry et Robert Dalban dans "La taverne du poisson couronné" (1947) de René Chanas, puis dans la pièce "Morts sans sépulture " et " La Putain respectueuse " de Jean-Paul Sartre duquel Yves possède encore un manuscrit aujourd'hui. En 1947, il obtient un contrat de la Warner, un contrat de sept ans pour satisfaire l'exigence de Monsieur Warner qui rebaptise Yves en Steeve Vincent ! Mais le jeune acteur ascendant doit rompre ce contrat pour des raisons sentimentales. S'en suivent "La Maternelle " (1949) de Henri Diamant Berger avec Blanchette Brunoy, Pierre Larquey et Mouloudji puis, sur les planches la même année : " Un tramway nommé désir " de Tennessee Williams, mis en scène par Raymond Rouleau avec, comme illustre partenaire, Arletty. Dans cette pièce, Claude Gensac y est la doublure d'Arletty et Louis de Funès, qui a été fait engager par Yves, n'a qu'un rôle mineur !

 

 

AAAAAA Que cela soit au cinéma, au théâtre comme à la télévision, Yves Vincent côtoie également les plus grands noms : Daniel Gélin : " Winterset " (1946) ; Michel Audiard : " Mefiez-vous des blondes " (1950) de André Hunebelle ; Danik Patisson : " OSS 117 n'est pas mort " (1956) ; Ingrid Bergman et Micheline Presle : " Thé et Sympathie " de Robert Anderson respectivement en 1956 et 1958 ; Brigitte Bardot, Francis Blanche : " Babette s'en va-t-en guerre " (1959) de Christian Jacque ; Anne Vernon : " Police Judiciaire " de Maurice de Canonge (1960) ; Jean Cocteau : " L'aigle à deux têtes " et " Les monstres sacrés " (1960 et 1966) ; Edwige Feuillère : " Constance "(1960) de Somerset Maugham ; Michel Piccoli : " La dragée haute "(1960) de Jean Kerchner ; Mireille Darc, Michel Galabru : " Les nouveaux aristocrates " (1961) ; Alain Resnais : " Muriel ou le temps d'un retour " (1963) où Yves fait une apparition avec Nelly Borgeaud, son épouse ;Françoise Fabian, Raymond Souplex dans la série " Les cinq dernières minutes "(1965) de Claude Loursais ; Claude Gensac : série " Christine ou la pluie sur la mer " (1964), " Le gendarme se marie "(1968) de Jean Giraut, " Hibernatus "(1969) d'Edouard Molinaro, " Le gendarme en balade "(1970) deux épisodes de cette série avec, entre autres, Michel Galabru qu'il retrouve, bien sûr, avec Louis de Funès. Moins connu, et pour le petit écran, aux cotés de Coluche dans " Madame, êtes-vous libre ?" (1971) de Jean-Paul Le Chanois ou encore quand il est l'amant de Carole Bouquet : " La famille Cigale " (1977) de Jean Pignol. A la fin des années 80, il collabore avec Roger Vadim : " Surprise Party "(1987) puis Georges Lautner dans " La maison assassinée" (1988) avec Patrick Bruel.

AAAAAA Cela dit, si cet immense comédien obtient beaucoup de premiers rôles dans sa carrière cinématographique, celle-ci lui est moins favorable lorsqu'il change d'imprésario. En effet, Jacques Vigier (qui succède à Jacques Allain) privilégie la quantité à la qualité : les juteux cachets prévalent sur l'intérêt artistique et culturel du film. Son activité au cinéma s'assombrit avec, selon ses dires, " deux énormes navets " : " Porte d'Orient " (1951) et " M.Scrupule gangster "(1953) de Jacques Daroy. A l'affiche, le nom d'Yves Vincent est de moins en moins mis en avant. Ses interprétations sont reportées à des seconds rôles et voire même dans des productions que l'on peut qualifier, parfois, d'alimentaires. Toutefois, ce concours de circonstances ne nous fait pas oublier que son talent et son succès sont ininterrompus sur scène : " Les Troyennes " d'Euripide, cour d'honneur du Palais des Papes d'Avignon en 1965.

 

AAAAAA Ses dernières apparitions au grand public datent du début des années 90. Qui ne se souvient pas de la série " Tribunal " qui redynamise sa carrière ? Avec son " copain " le Procureur alias Pierre Londiche, notre juge Garonne se retrouve face à une nouvelle génération de comédiens ou d'artistes : Roschdy Zem, Michèle Laroque, Edouard Baer, Kad Merad, Agnès Jaoui, Blandine Métayer, Olivier Lejeune, Elie Sémoun, Jean Dell, Manuel Gélin…

AAAAAA Côté vie privée, il est, début des années 50, l'époux de la speakerine Jacqueline Huet : Dominique, qui a aujourd'hui 64 ans, est leur fille aînée. Quelques années plus tard, il est l'heureux papa de Louis et Isabelle dont la maman est la comédienne Nelly Borgeaud que l'on retrouve dans le rôle du médecin de " On connait la chanson " (1997) d'Alain Resnais. Yves est un amoureux de la littérature, de la musique, de la nature, du sport (natation, tennis, football, rugby…). Il a même donné ses premiers cours de tennis à Véronique Jannot. Yves est un proche de la famille d'Alain Poiré (Gaumont) depuis de longues années. Ce qui caractérise Yves c'est son humilité, sa fidélité accompagnée d'une extrême gentillesse qui font de lui un homme respecté et adoré : heureux et chanceux sont celles ou ceux qui le croisent entre Alger, Paris et la Bourgogne…

 

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Ludovic et Yves Vincent lors d'une séance de dédicace de "Voulez-vous en sourire avec moi ?"
(collection L. Rouquet)

 

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