Maurice DELBEZ
AAAA Dans le cadre de notre dossier spécial consacré à "Dans l'eau... qui fait des bulles !", nous avons recontacté Maurice Delbez pour lui faire part de notre travail et lui poser quelques questions supplémentaires sur son film. Ses explications nous ont permis de retracer l'histoire du projet, le tournage et d'élaborer une analyse du film (ICI). Lui rendre hommage à travers cet unique film est probablement réducteur - lui qui a réalisé et produit "Rue des Cascades" - mais nous tenions à saluer son travail auprès de Louis de Funès, à travers un long-métrage que nous avions grand plaisir à visionner lorsque nous étions enfant (par ailleurs ce plaisir demeure intact lorsque nous le redécouvrons aujourd'hui). Un grand bravo et un immense merci à cet homme charmant et disponible qui a toujours répondu favorablement à nos requêtes.
1ère partie (2009) / 2ème partie (2016)
Interview de M. Maurice Delbez du 23 mars 2016 par Franck et Jérôme
- M. Delbez, vous avez réalisé « Dans l'eau... qui fait des bulles ! » en 1961. Comment est né le projet de ce film ? - Le film était produit par Pierre Dudan et son épouse Marie-Reine Kergal. Je connaissais un peu cette dernière car elle avait été la scripte du réalisateur André Berthomieu, dont j'avais été l'assistant au début de ma carrière. Ce sont eux qui m'ont contacté pour réaliser le film et qui ont décidé d'adapter le livre de Marcel Prêtre. Pierre Dudan a vraiment été très gentil pendant tout le tournage – par la suite aussi d'ailleurs – et c'est pourquoi je conserve un excellent souvenir de lui. J'avoue que j'ai énormément regretté son décès.
- Sur ce film, vous disposiez de seconds rôles intéressants comme Serge Davri, Jacques Dufilho, Max Elloy... - J'aimais beaucoup Dufilho, pour qui j'ai écrit la scène du cimetière. A l'inverse, je n'avais pas d'admiration particulière pour Serge Davri. Je crois que c'est Pierre Dudan qui a insisté pour lui donner un rôle car, à l'époque, il avait subitement acquis un statut de vedette éphémère. Alors, pour faire plaisir à Dudan, j'ai ajouté au scénario la scène où Davri intervient. Quant à Max Elloy, il était un merveilleux comédien qui n'a pas fait la carrière qu'il aurait dû faire. Comme je l'aimais beaucoup, j'ai étoffé son rôle lors de l'adaptation. Et sur place à Morat, on a eu quelques trouvailles pour lui. Par exemple, il n'était pas prévu dans le scénario qu'il devait se servir chez de Funès en cigarettes et en vin rouge.
Louis de Funès et Max Elloy dans le film de Maurice Delbez (collection F&J)
- Faut-il en conclure que vous avez réalisé avec Marcel Lebrun un important travail d'adaptation du livre de Marcel Prêtre ? - Absolument. Je dois reconnaître que le scénario était assez inintéressant à l'origine, ce qui nous a demandé un énorme travail sur le scénario.
- Louis de Funès vous a t-il fait part d'une éventuelle inquiétude concernant ce scénario original un peu faible ? - Non, de Funès avait une autre préoccupation d'un ordre plus commercial car il s'agissait de la suite de sa carrière. En effet, à cette époque, il changeait d'impresario. Il venait de signer avec une personne qui lui a proposé des rôles plus intéressants comme celui du « Gendarme de Saint-Tropez ». Mais il lui restait à honorer intégralement le contrat de son ancien impresario avec lequel il lui restait un film à faire. Ce fut « Dans l'eau... qui fait des bulles ! ». Au départ, je dois dire qu'il n'était pas très chaud à l'idée de faire ce film qui lui était imposé mais il n'a jamais montré son mécontentement pendant le tournage et mes rapports ont été très bons avec lui.
- Aujourd'hui, que regard portez-vous sur ce film ? - Je l'ai revu récemment car j'habite dans un petit village où il a été projeté. Ma foi, j'en ai une impression plutôt bonne mais ça m'a paru tout de même un peu longuet. Si vous voulez, dès le début, je n'ai jamais eu l'intention de faire le film du siècle avec ce scénario. Au mieux, je dirais que j'ai essayé de faire un bon film. Mais je ne suis pas mécontent de moi car, à mon avis, le film comporte de bonnes choses.
- Il n'a peut-être pas la même importance à vos yeux que « Rue des Cascades » par exemple ? - Évidement car celui-ci était un film pour lequel je ressentais l'envie et même le besoin de le faire depuis une dizaine d'années, au moment où j'avais lu le livre « Alain et le nègre » de Robert Sabatier. Je m'étais dit que c'était vraiment ce livre que je voulais adapter. Dans le cas de « Dans l'eau... qui fait des bulles ! », ce n'était pas le cas car c'était un film qu'on m'a proposé, sur un scénario qu'on n'aimait pas et qu'on a totalement repensé avec Michel Lebrun. J'ai accepté de le faire car je trouvais intéressante l'idée de travailler avec Lebrun, Dudan et de Funès.
- Le film n'avait pas reçu de trop mauvais critiques à l'époque... - Non elles avaient été assez bonnes. D'ailleurs, le film passe encore parfois en Suisse, où nous avons tourné les extérieurs. J'ignore s'il s'agissait d'une exigence de Pierre Dudan [ndlr : de nationalité suisse] mais j'avais trouvé très bonne l'idée d'aller au bord du lac de Morat. A sa sortie, le film a bien marché. Ce fut une bonne affaire et, avec Pierre, nous avions d'autres projets communs qui, malheureusement, n'ont jamais abouti. C'est dommage car j'aurais volontiers retravaillé avec cet homme charmant.
Photographie d'exploitation du film, avec Marthe Mercadier, Louis de Funès et Olivier Hussenot, dédicacée par Maurice Delbez (collection F&J).
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