Robert Destain, alias Olaf Destain, dans "Ah les Belles bacchantes" de Jean Loubignac (1954)

 

Robert DESTAIN

 

AZERTYAvec une formation d'art lyrique obtenue au Conservatoire de Paris, Robert Destain a chanté dans de nombreuses opérettes au cours de sa carrière, en particulier en France et en Italie. Il chanta notamment "Mignon" de Charles Louis Ambroise Thomas, "Rêve de Valse" d'Oscar Straus, "Le Comte de Luxembourg" de Franz Lehar ou encore "La Mascotte" d'Edmond Audran avec le baryton Robert Massard à l'opéra de Paris.

AZERTYVéritable artiste complet, il monta également sur les planches pour jouer au théâtre et tourna dans une trentaine de films. Au début de sa carrière, Robert Destain apparut dans pas moins de six films du réalisateur Jean Boyer. En conséquence, il partagea l'affiche avec Maurice Chevalier ("J'avais sept filles", 1954), Fernandel, Suzy Delair ("Le couturier de ces dames", 1956), Noël-Noël, Yves Robert, Noël Roquevert ("La Terreur des dames", 1956) ou encore Jean Richard, Line Renaud et Roger Pierre ("La Madelon", 1955).

AZERTYDe plus, en tant que membre de la troupe des Branquignols, Robert Destain incarna aussi l'une des figures incontournables du "cinéma funésien". En effet, après avoir rencontré Louis de Funès au début des années 50 au cabaret, les deux acteurs se retrouvèrent dans la pièce "Ah ! Les Belles bacchantes" puis dans des comédies sans prétention comme "Mon Pote le Gitan" de François Gir en 1959 et "Les Tortillards" de Jean Bastia en 1960. L'année suivante, Louis de Funès et Robert Destain partagèrent l'affiche de "La Belle Américaine" de Robert Dhéry et Pierre Tchernia (sans toutefois partager une scène commune) et surtout en 1962, jouèrent ensemble "La Grosse Valse" au Théâtre des Variétés. Devenu une vedette au milieu des années 60, Louis de Funès lui confia différents rôles à plusieurs reprises, dans ses films tels "Le Grand restaurant", "Les Grandes vacances", "Le Gendarme se marie", "Hibernatus", ou encore "La Zizanie".

AZERTYEn 2009, à la veille de son 90ème anniversaire, l'acteur nous avait évoqués ses souvenirs de Branquignols et plus particulièrement Louis de Funès qu'il a côtoyé tout au long de sa carrière. Retiré dans l'Aveyron depuis plusieurs années, Robert Destain nous a quittés en décembre 2010. Nous gardons un agréable souvenir de cet homme charmant et disponible.

 

Interview de M. Robert Destain du 16 février 2009 par Franck et Jérôme

 

- Vous avez débuté le cinéma dans le film "Branquignols" en 1949 au sein de la célèbre troupe. Comment en êtes vous arrivé au cinéma et comment avez-vous formé les Branquignols avec Robert Dhéry et toute la troupe ?

- J'ai fait partie de la troupe dès sa formation en 1948. On se connaissait tous plus ou moins depuis le conservatoire de Paris. Moi je venais du chant, de l'art lyrique et j'avais comme camarade le compositeur Gérard Calvi. Il y avait aussi Dhéry qui était comédien. En 1947, j'avais travaillé au Casino de Cannes où j'avais joué "Mozart" de Guitry. Dans l'orchestre se trouvait Gérard Calvi au piano. Et il me dit un jour "j'ai un vague projet avec Dhéry pour monter sur Paris un spectacle qui va s'appeler Les Gaufrettes, je te tiens au courant." Et puis 15 jours ou trois semaines plus tard j'ai reçu un coup de téléphone de Calvi qui m'annonçait que le spectacle allait se monter au théâtre de la Bruyère. La troupe - qui s'appellerait Les Branquignols et non plus Les Gaufrettes - était créditée d'un mois par le théâtre pour se lancer. Alors, sur une proposition de Calvi, j'ai accepté de les rejoindre et j'ai dû annuler les engagements que j'avais alors, notamment en Italie. Finalement, la troupe a tourné pendant 3 ans.

 

- C'est au sein de la troupe des Branquignols que vous avez rencontré Louis de Funès ? A l'époque des " Belles Bacchantes " ?

- Non c'est un peu avant. Au début des années 50, j'avais joué avec lui au cabaret "La Tomate". A cette époque, il n'était pas une grande vedette mais un illustre inconnu qui enchaînait les petits rôles. Comme on le dit plus vulgairement, il "courrait les cachets". Nous avons sympathisé et sommes devenus copains. Au fil du temps, de Funès était devenu un vieux camarade et j'ai pu suivre son ascension.

 

- Au cinéma, vous avez joué avec de Funès dans de nombreux films. Vous souvenez-vous de lui à l'occasion des tournages de "Mon Pote le Gitan" de François Gir en 1959, "Les Tortillards" de Jean Bastia en 1960 et de "La Belle Américaine" en 1961, alors que Louis de Funès n'était pas encore une énorme vedette ?

- Oui je me souviens de lui à l'époque de "La Belle américaine". Nous étions copains tous les deux, je connaissais aussi sa femme et ses deux fils. Vous savez, la troupe des Branquignols était une bande de camarades et nous avons beaucoup travaillé ensemble. Au théâtre, il y a eu "Les Belles Bacchantes" et puis "La Grosse Valse" aux Variétés. De Funès y tenait le rôle principal car il commençait à devenir très connu, à une époque où il avait déjà joué "Oscar". Mais je ne suis pas resté longtemps dans cette pièce car j'avais d'autres engagements en Italie où je devais chanter.

 

Robert Destain en compagnie de Louis de Funès (en douanier Roussel) dans la revue "La Grosse Valse" au théâtre des Variétés (1962).

 

 

- Vous avez consécutivement retrouvé de Funès dans plusieurs films au milieu des années 60. Evoquons par exemple "Le Grand restaurant", tourné en 1966.

- C'est vrai, j'y avais un petit rôle [ndlr : le ministre qui déjeune chez Septime avec son épouse France Rumilly]. C'est lui qui m'avait demandé sur ce film, comme dans d'autres films d'ailleurs. Il m'a fait venir sur "Hibernatus", sur "Les Grandes vacances", sur "La Zizanie"…

 

- Comment se comportait-il lors du tournage d'une scène ?

- Avant le tournage, tout avait été répété d'avance, il avait préparé ses mimiques et discuté avec le metteur en scène et le chef opérateur. Mais il n'était pas plus anxieux ou concentré qu'un autre comédien et aimait rire. Louis de Funès était une personne que je trouvais merveilleuse, amicale, gentille et cordiale. Tout s'est toujours bien passé avec lui.

 

Robert Destain, avec Louis de Funès, Carlo Nell, Guy Grosso etc... dans "Les Grandes vacances" (Jean Girault, 1967), et avec Annie Girardot et Hubert Deschamps dans "La Zizanie" de Claude Zidi. C'est le dernier rôle que Louis de Funès a offert à Robert Destain, en 1978.

 

 

- Et pour la scène du "Gendarme se marie" ?

- Je jouais un commandant si mes souvenirs sont bons. Ce fut un tournage très agréable car j'ai été engagé pour 9 ou 10 jours à Saint-Tropez. Une excellente atmosphère !

 

- Dans le film, l'on remarque que Louis de Funès se retient de pouffer de rire…

- Ce n'est pas impossible. Louis de Funès éclatait souvent de rire après une prise !

 

Robert Destain et Louis de Funès dans une scène formidable du "Gendarme se Marie" de Jean Girault (1968).

 

- L'intérêt qu'il pouvait trouver en jouant avec vous était de se retrouver confronté à une personne plus grande et plus costaude que lui, d'où l'effet comique de situation, car Louis de Funès se montrait servile avec vous lorsque vous jouiez un ministre ou un supérieur militaire…

- Oui, il s'agissait peut-être de l'une de ses volontés. Il m'a peut-être parfois engagé pour cette raison mais, à vrai dire, je n'en sais rien.

 

- Evoquons aussi une autre grande partie de votre carrière cinématographique que sont les films de Jean Boyer. Il n'y eut pas moins de six films sous sa direction…

- Boyer m'a fait tourner à plusieurs reprises car il m'aimait beaucoup. Il y eut tout d'abord "Nous Irons à Paris" en 1950, où je jouais le fiancé de François Arnoul. Ce film fut d'ailleurs tourné dans l'Aveyron d'où je suis originaire, près d'Estaing. J'avais conseillé à Boyer de faire ses repérages du côté d'Estaing et il trouva le coin joli. Sur ce tournage, j'ai notamment retrouvé mes copains Christian Duvaleix et Henri Geniès.

 

- Parmi les films de Boyer, on a dû beaucoup vous parler du "Couturier de ces dames" en 1956.

- Oui, Fred Pasquali et moi jouions deux associés un peu homos qui tenaient une maison de couture que Fernandel voulait remettre en marche et arranger à sa façon, sans rien dire à sa femme qui était interprétée par Suzy Delair. Fernandel était un ultra grand professionnel, un acteur extraordinaire, comme Bourvil. Mais il avait un petit défaut : il aimait avoir sa petite cour et voir celle-ci rigoler lorsqu'il faisait et disait quelque chose de drôle. Mais ceci était amical et pas bien grave.

 

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