Louis de Funès dans la presse

 

AAAAA Cette nouvelle mise à jour, à l'occasion des 30 ans de la disparition de Louis de Funès, est l'occasion de parler du rôle de la presse dans la carrière de l'acteur. A cette occasion, Lionel Paoli, journaliste à Nice Matin et coordinateur d'une édition spéciale Louis de Funès (dans les kiosques le 6 janvier), a répondu à nos questions afin de tenter de répondre à cette problématique. Entre presse people, études sociologiques, articles à sensation, interviews d'anciens partenaires ou biographies hommages, la presse, qu'elle soit télévisuelle ou écrite, sera un vecteur très influent des divers hommages rendus à De Funès.

AAAAA Le monde de l'information est souvent craint par les personnalités. Même si certains savent l'utiliser avec talent au point d'en faire LE véritable outil de communication à part entière, la plupart des personnalités redoutent cet instrument aussi dangereux qu'il peut être efficace. Louis de Funès était loin d'être une exception en ce domaine. Ainsi à la même époque, Jean Gabin refusa presque toujours d'assurer la promotion d'un film, tout comme son ami Lino Ventura qui garda durant longtemps une certaine méfiance envers la presse. Il s'en défendait lui-même en expliquant : "Je suis un peu braqué contre la presse c'est vrai mais j'ai été déçu, humilié même, par des journalistes. Ils m'ont fait dire des choses que je n'ai jamais dites. Je veux bien croire à la sacro-sainte liberté de la presse, mais je voudrais bien qu'on m'explique où commence et finit ma liberté à moi !". Gabin avait même l'esprit un peu revanchard face aux médias : "Je suis toujours là et ça les emmerde !"

AAAAA Philippe Durant, journaliste spécialisé du cinéma donne une explication assez lucide sur cette attitude : "La plupart des gens du cinéma voient les journalistes comme un mal nécessaire. Plus mal que nécessaire, souvent. A dire vrai, ils aimeraient s'en passer ou, plus précisément, en user où, quand et comme bon leur semble. (…) C'est assimiler le journaliste à un attaché de presse, oublier qu'il peut poser des questions - dont certaines peuvent être pertinentes, voir dérangeantes -, négliger qu'il puisse se forger sa propre opinion. Pour un acteur devoir se justifier est désagréable. Lire une mauvaise critique, douloureux. Il se sent mal compris, parfois mal aimé et en rejette la faute sur cette entité protéiforme regroupée sous le vocable de presse". La vérité est à nuancer. En réalité il convient de faire une distinction entre les différentes catégories de la presse, qui en fonction de leur rôle ou objectif fonctionneront selon les méthodes les plus diverses. Ainsi le journaliste d'investigation, travaillant sur des sujets sensibles telles que les affaires judiciaires, devra fonctionner sur une logique de recoupement d'informations très précis afin d'étayer au mieux son article et d'y apporter la crédibilité nécessaire. Face au poids de ses mots, notamment lors d'un procès, le journaliste devient alors une véritable caisse de résonance, très influente, qui se doit donc d'être exacte. A contrario, les paparazzis de la presse people ont plus souvent la réputation de " fouineurs " que de journalistes respectant neutralité et objectivité. Certains médias se sont faits comme spécialité de traquer la vie de "stars" afin de connaître le moindre fait est geste de leur vie. Ainsi se mêlent sensationnel, sexe et scandale... Selon Justine Andanson et Nelly Giordano, journalistes, il s'agit de "phénomènes de masse qui plaisent à la foule depuis la nuit des temps. Racolage, interviews choc, sujets graveleux, articles provocateurs, la presse à sensation ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui. Les lecteurs en redemandent et l'univers de la presse est totalement dépassé par cet engouement."

 

Le Commissaire Juve et la presse : des rapports parfois houleux...

 

AAAAA Illustrons d'ailleurs cette explication journalistique par un article récemment paru sur un site Internet et portant le titre pour le moins farfelu : "Louis de Funès serait toujours vivant". Rien de bien accrocheur jusque-là lorsque l'on connaît l'acharnement qu'a cette presse à entacher des personnalités telles que Mickael Jackson ou Elvis Presley. Encore plus fort, si l'on mêle scandale historique et volonté de vendre du papier, beaucoup restent persuadés que les dictateurs Hitler et Staline sont bel et bien en vie et résident dans quelque pays d'Amérique du Sud, réputés enclins à accueillir les anciens criminels de guerre. Après lecture, on peut se demander sur quels critères et sources reposent une telle allégation : Il est en effet fait mention d'un reportage télévisuel traitant du "mystère de Funès" avec témoignages et photos à l'appui ainsi que de nombreuses vidéos permettant d'accréditer la thèse selon laquelle il serait bien encore parmi nous mais bien évidemment aucune info crédible et vérifiable ne sera proposée. Fort heureusement, la journaliste parait elle aussi consternée par ces légendes aussi rapides que l'éclair et conclue très justement que malgré l'invraisemblance de cette thèse, les grandes légendes restent immortelles et nombre de personnes resteront toujours persuadés de leur existence.

AAAAA Cette même presse à sensation colporta durant toute la carrière de Louis de Funès des rumeurs assez malsaines voire des propos carrément diffamants envers l'acteur. Lionel Paoli, journaliste, en donne une explication assez simple : "Le succès de Louis de Funès a agacé beaucoup de monde lorsqu'il est survenu. Cela paraissait suspect, l'idée que cela puisse fonctionner parce qu'il avait du talent était certainement mal comprise. Beaucoup n'ont certainement pas recoupé leurs sources ou informations et étaient avides d'un scoop vendeur quand il s'agissait de parler de De Funès. Il était une star très discrète et son inaccessibilité a dérangé. Si l'on ne peut pas parler d'une faute professionnelle ou déontologique au sens propre du terme, mais plus d'un évident manque de rigueur, pour les personnes ayant écrit ces articles, il est clair que cela n'a pas favorisé les relations entre certaines personnalités et les professionnels de l'information. Je peux donc comprendre que certains aient une réticence vis-à-vis des médias car en définitive vous ne savez jamais à qui vous avez à faire et quelle sera la qualité de son travail."

AAAAA Laissons donc ce côté cette presse qui n'en a que le nom pour nous intéresser au véritable journalisme. De manière générale, Louis de Funès a eu une attitude plutôt complexe avec les professionnels venus l'interroger. Timide de nature, souvent braqué à l'idée que l'on pénètre dans son intimité, il ne sera jamais très bavard, du moins lors de ses premières télés. Plus tard, bien qu'encore très réservé, on pourra le voir plus à l'aise en fonction de la personnalité du journaliste et du climat de confiance instauré. Certains n'ont jamais su comment l'aborder tandis que d'autres comme Robert Chazal ont compris le fonctionnement du comédien, aller en son sens et ne pas le brusquer. Pierre Guénin, journaliste cinématographique populaire et grand ami de Sydney Bettex, le décorateur de nombreux films de Louis de Funès, garde un souvenir très mitigé de l'acteur qu'il a connu à divers stade de sa carrière : "Je l'ai surtout connu quand il était un petit rôle secondaire. Nous étions au milieu des années 50 et j'avais alors une rubrique consacrée aux acteurs de seconde zone. A cette époque, ce n'était pas un acteur qui roulait sur l'or. Je me souviens d'être allé dans une sorte d'HLM où il vivait avec sa femme et ses deux enfants dans un tout petit appartement. Nous avons réalisé l'interview puis je suis resté manger avec eux. Je me rappelle d'une famille vraiment charmante. Par la suite, lorsque je le croisais il était toujours très content de me voir. Il avait été content du papier et espérait qu'il puisse l'aider dans sa carrière. Par la suite, il est devenu très méfiant et n'accordait pas d'entretien facilement. Après une interview pour laquelle il ne m'avait pas dit grand-chose, j'ai du " meubler " pour rendre un article cohérent et cela ne lui a pas plu. Il s'en est plaint à Sydney Bettex " Tu m'as envoyé un ami journaliste faux jeton, il raconte vraiment n'importe quoi !"

AAAAA En vérité on ne peut donner tort ou raison à aucun des deux hommes. D'un côté Pierre Guénin, journaliste réputé consciencieux a effectivement "meublé", ce qui parait louable face à un acteur réticent à répondre à ses questions (d'autres se seraient empressés de le mentionner) et de l'autre, Louis de Funès, acteur se sentant si l'on peut dire "trahi" de lire des propos qu'il n'a jamais tenus. Même si ceux-ci n'étaient en rien diffamants, peut-être ne reflétaient ils pas la volonté ou l'état d 'esprit de l'acteur qui en gardera une rancœur.

 

L'un des rares articles mettant en lumière l'épouse et les enfants du comédien, à l'époque des seconds rôles de plus en plus consistants(Festival, 1956). Devenu vedette de cinéma en 1964, Louis de Funès refusera alors d'étaler sa vie privée et préférera protéger sa famille.

 

AAAAA D'un caractère ambigu, aussi gentil lorsqu'il est à l'aise qu'il peut être réservé et distant quand il n'est pas confiant, Louis de Funès étonna donc souvent les journalistes au point que plusieurs d'entre eux en furent parfois déconcertés. Ainsi Pierre Guénin expliquait "Je l'ai connu très gentil à ses débuts mais par la suite, il est devenu vraiment difficile à aborder." Cela ne reflétait en rien du mépris ou de la suffisance à l'égard de la profession mais bien d'une timidité et d'une protection de vie personnelle et familiale qu'il souhaitait protéger avant tout. Cela semble d'ailleurs paradoxal d'imaginer que le comique numéro un dans le cœur des français, véritable boule de nerfs face à la caméra, devient un homme introverti et réservé lorsqu'il s'agit de se confier. Michel Galabru se rappelle d'ailleurs d'une interview pour laquelle Louis de Funès, paniqué à l'idée qu'on lui tende un micro, demanda qu'il fut présent à ses côtés afin d'être apaisé et serein. Jean-Marc Loubier nous confiait l'avoir croisé une fois dans sa vie, dans un studio de radio et se remémore : "Lorsqu'il est passé près de moi, j'ai vu un homme qui se serait volontiers fondu dans le mur s'il en avait eu la possibilité". Et lorsque sur le tournage du "Corniaud" un journaliste lui demande d'expliquer cette difficulté en interview l'acteur répond avec sincérité : "Je me sens coincé, pris dans un feu croisé. Je ne suis pas à mon aise du tout même si j'essaye de l'être. Je crains toujours qu'on me demande des histoires ou des questions de famille ou d'intimité ou la façon de travailler notre métier. J'ai peur que l'on m'enlève la vie que j'ai actuellement, d'aller à la campagne avec ma famille, faire mon horticulture, faire des choses normales comme récolter mon miel !"

AAAAA On peut aisément comprendre l'état d'esprit de l'acteur. Vedette grandissante, le public a nourri bon nombre de fantasmes à son égard dont la presse fut un vecteur non négligeable. Ainsi plusieurs histoires farfelues ont pu être écrites, blessant avant tout l'homme plus que l'acteur public. Louis de Funès savait du reste parfaitement faire la distinction entre les deux. Il était disponible, dans la mesure du raisonnable, pour répondre aux questions de la presse sur un plateau de cinéma mais exigeait qu'on l'oublie une fois le travail terminé. Il redevenait alors Louis de Funès mari et père de famille, homme ordinaire qui souhaitait donc vivre une vie aussi banale que le commun des mortels. Sans doute aux yeux de beaucoup de professionnels, conscients de l'attrait économique qu'une information inédite le concernant engendrerait, il aura édifié une barrière trop grande et donc néfaste. Un homme qui ne s'affiche pas, ne revendique pas d'opinion politique, économique ou sociale est un homme malléable dont on peut attribuer facilement des propos fallacieux.

AAAAA Pour Justine Andanson et Nelly Giordano, "face à l'attrait de l'image et du sensationnel, la presse est appelée, de plus en plus, à virer dans l'émotionnel et dans la mise en scène. De ce fait, les articles et photos ont tendance à basculer dans la société du spectacle. Ils doivent s'attacher à choquer pour plaire et bousculer les lecteurs de leurs quotidiens pour séduire, dégager une image extraordinaire, une image d'évasion."

AAAAA Pourtant, Louis de Funès étonnera en se confiant parfois très facilement envers certains journalistes ou pour des émissions radio ou télé pour lesquels il nourrissait une estime et un intérêt certain. Ainsi, pour l'émission organisée par Guy Béart sur le thème de Noël, il se livrera sans concession sur sa vision du monde, ses croyances religieuses et la place qu'occupe Jésus dans sa vie. Pas de fausse modestie ni de discours alambiqué, il parle alors avec son cœur de choses qui lui sont chères. Peu à l'aise pour évoquer la politique ou les sujets sociétaux, dont il aimait moquer les travers plutôt que d'étayer de grandes théories, il était en revanche toujours disponible pour évoquer ses passions de la pêche et de la protection de la nature. Sur le tournage de "La Folie des Grandeurs", il prendra le temps, entre deux scènes, de deviser gentiment de pêche et d'appâts avec Jean Marie Boëlle du "Chasseur Français". L'introduction du journaliste résume d'ailleurs bien le climat de cet instant : "Pantalon bleu foncé, veste grise bien ajustée, le visage bruni par le fond de teint, Louis de Funès m'accueillit avec beaucoup de courtoisie. Comment d'ailleurs aurait-il pu en être autrement puisque je venais bavarder avec lui de la pêche à la ligne, sa distraction préférée entre toutes, et que, pendant quelques minutes, il allait pouvoir oublier la lumière des projecteurs et l'air étouffant du studio pour retrouver l'eau vive et claire des rivières, les poissons aux écailles argentées et l'odeur de menthe fraîche qui embaume les bords de l'eau… Louis de Funès se cale dans son fauteuil, détendu et visiblement heureux de parler de pêche".

AAAAA On voit ici toute la simplicité d'un homme à mille lieux de la star mondaine et prête à tout pour se faire voir. A ce sujet, Louis de Funès avait d'ailleurs compris que trop d'exposition médiatique nuirait à son image. Presse, télévision, radio, trop de " De Funès " aurait à la longue conduit le public à se lasser de sa tête, au point, croyait-il, de ne plus aller l'applaudir dans les salles. En définitive, la presse ne se concevait que dans le cadre de son travail et il n'était pas question de franchir la ligne jaune. Ainsi, le coup de gueule poussée par Jean Gabin à l'encontre de l'attachée de presse du "Pacha" sonne assez juste pour le cas de Louis de Funès. Pour assurer la promotion du film, elle avait proposé à Jean Gabin de partir à Deauville un dimanche avec Dany Carrel afin de réaliser des clichés d'eux avec un cheval. Réponse immédiate de l'intéressé : "Les ouvriers de chez Renault vous allez les faire chier chez eux les dimanches ? Eh bien moi c'est pareil ! Le dimanche je suis chez moi et il ne faut pas venir m'emmerder !". De Funès lui aussi renchérissait : "Dans la vie je ne suis pas drôle du tout. Je fus taciturne mais aujourd'hui je suis un homme normal avec les soucis d'un homme normal, des soucis de tous les jours."

AAAAA Louis de Funès avait, comme tout acteur, ses "têtes" et cela valait également pour les journalistes. Conscients que certains ne s'intéressaient qu'au produit et non à l'homme qu'il était, il souhaitait avant tout être interrogé par un journaliste honnête et intègre. Quitte à parler avec sincérité, autant être face à un homme défendant les mêmes valeurs que vous et pour cela Michel Drucker fut l'un des rares pour lequel il prit la peine de répondre avec grande conscience aux questions qui lui était posées. Il lui accorda l'une de ses plus longues à la sortie de "L'Aile ou la cuisse". Le producteur Christian Fechner, qui avait auparavant travaillé dans l'industrie du disque, était en partie parvenu à le convaincre de la portée considérable que pouvait avoir la promotion d'un film.

 

Dans "Sans Laisser d'adresse" de Jean-Paul Le Chanois (1951), Louis de Funès joue un futur papa. Il s'agite continuellement et lit nerveusement un journal pour la quatrième fois.

 

AAAAA La presse ne fut donc jamais pour lui un outil de communication dont il se servit autrement que pour raison professionnelle ! Et encore… D'autant qu'une grande partie des médias le snobèrent pendant la quasi-totalité de sa carrière comme l'explique Lionel Paoli : "Il est vrai qu'une certaine presse aimait le comique "intelligent" dans la veine de Pierre Etaix. J'entends par là qu'elle souhaitait sentir des choses derrière le comique et De Funès ne se focalisant que la dessus, elle n'était donc pas cliente de son style très populaire. Prenez les "Cahiers du Cinéma", "Télérama" ou "Le Monde", tous parlaient de lui en évoquant des films idiots, grimaciers et ridicules. Cela valait surtout pour une certaine presse parisienne, avec de très bons journaux mais qui comprenait mal l'humour. La presse provinciale fut certainement moins dure à son égard."

AAAAA En revanche d'autres critiques gardèrent pour l'acteur une objectivité sans faille, analysant uniquement le jeu et son apport pour un film. Ainsi Jean D'Yvoire, journaliste à Télérama, canard réputé très acide envers l'acteur, fera souvent abstraction des préjugés de ses confères pour ne se focaliser que sur le travail de l'acteur. A la sortie du film "Dans l'eau qui fait des bulles" de Maurice Delbez en 1961, il écrira : "On reconnait les thèmes d'une comédie macabre bien connue qui reste l'un des chefs d'œuvre d'Alfred Hitchcock. Toutefois les péripéties sont très différentes et la mise en scène bien moins rigoureuse. On a préféré sur les gags et artifices du scénario ou sur le jeu des acteurs, dont le plus drôle, en même temps que le moins conventionnel vu son talent, est sans conteste Louis de Funès".

AAAAA Un peu plus tôt déjà, quelques lignes dans certains quotidiens permettaient à l'acteur de Funès de gagner ses galons. Ainsi pour "Bébés à gogo", de Paul Mesnier en 1956, Le film français retiendra sobrement : "Quant à Louis de Funès dans le rôle du représentant du syndicat des industries de l'enfance, il est inénarrable". Tout aussi sobre mais ô combien élogieux, le titre de France Dimanche pour le film "Ni vu, ni connu" : "Louis de Funès, l'acteur le plus drôle de France !". Preuve en est d'ailleurs de son talent, la presse étrangère salua son comique dès le début des années 50. Plus tard, elle n'hésita d'ailleurs pas à le qualifier de "Chaplin français".

AAAAA Globalement, il faut retenir que la presse fut plutôt de son côté. Pour quelques critiques acerbes, il en récoltait trente autres l'encensant. Ainsi, bien que considéré comme film franchouillard par excellence selon certains spécialistes du cinéma, la majorité des critiques furent élogieuses lors de la sortie du film "Le Gendarme de Saint-Tropez" : Les lettres françaises, France-Soir, Le Figaro, La Croix, Le Canard enchaîné ou encore L'Aurore saluèrent la performance de ce nouveau comique prêt à truster les box-offices. Parlons franchement, quelques journalistes ont eu tendance lors de l'écriture de certains billets à oublier que le salaire de critique de cinéma qu'ils touchaient à la fin du mois provenait grandement d'un Louis de Funès dont les fonds récoltés pour faire vivre la majorité du cinéma français furent hallucinants.

AAAAA Sans doute, et à juste raison, garda-t-il durant longtemps une évidente rancœur envers ceux et celles qui le torpillèrent pendant son ascension. On peut comprendre l'amertume et la frustration, d'un acteur de cette qualité, consciencieux et professionnel au possible, de lire d'un parfait inconnu que son travail était ridicule et sans intérêt. Comment ne pas lui donner raison ?

AAAAA En définitive, l'acteur timide et renfermé qu'il fut n'était peut-être pas si difficile que cela en interview pour ceux qui savaient l'aborder. D'ailleurs bon nombre de reportages télé le montre tout sourire et chaleureux, souvent farceur. Beaucoup de rumeurs ont couru sur son antipathie et sa mauvaise humeur, voire de sa méchanceté envers les médias. Mais à sa décharge, certains journalistes dits "professionnels" qu'on lui présenta ne brillèrent pas par leurs questions. Retenons Lino Ventura qui disait : "On dit que j'ai un sale caractère parce que je refuse de poser dans mon bain de mousse chaque matin pour les photographes. Je ne suis pas Marylin Monroe bon sang ! Et ma vie privée me regarde. Je vous demande ce que ça peut faire aux gens de savoir que j'ai des enfants, que j'habite Saint Cloud et que mon passe-temps favori consiste à jouer aux cartes avec des amis ?".

AAAAA Terminons donc par la phrase d'Olivier et Patrick de Funès écrite dans leur biographie et que leur père aurait pu dire : "Ne parlez pas trop de moi les enfants"…Nous nous arrêterons donc là nous aussi ici.

J. Andanson/N. Giordano : www.agoravox.fr
Interviews de Pierre Guenin et Lionel Paoli par Franck et Jérôme - www.autourdelouisdefunes.fr
Philippe Durant : "La Bande à Gabin", Editions Sonatine.

 

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