Jacques BODOIN

 

aaaaaaaJacques Bodoin est incontestablement un grand artiste qui a marqué plusieurs générations. Sympathique, jovial, amusant, ce touche-à-tout a longtemps fait la joie des petits et des grands, que ce soit à la radio, avec ses célèbres personnages tels Philibert et les journalistes parlementaires. Son sketch le plus connu, vendu à 3,5 millions d'exemplaires à sa sortie, est "La Table de Multiplication". On le retrouve sur le petit écran, lorsqu'il double de nombreux personnages comme Pollux du "Manège enchanté". De plus, les cinéphiles le reconnaissent avec plaisir dans "Le Viager" de Pierre Tchernia et en Méphisto dans "La Grande Vadrouille" de Gérard Oury. Jacques Bodoin a également beaucoup chanté sur scène et à la télévision, et même joué "Le Guilledou" de Michael Clayton Hutton, dans une mise en scène de Robert Manuel au Théâtre Michel en 1962.

aaaaaaaAu cours de cette interview, il revient sur sa carrière, longue de 53 ans et fort remplie. Par ailleurs, lorsqu'il dresse aujourd'hui un bilan sur sa carrière, il n'éprouve aucun regret particulier, ayant cumulé les spectacles au music-hall, à la télévision, au cinéma mais aussi chanté du jazz ou du lyrique avec l'orchestre national. Pour notre plaisir, il évoque ses relations avec Bourvil, Louis de Funès, Noël Noël, Roger Couderc, Marc-Gilbert Sauvageon ou encore Roger Marouani...

aaaaaaaDésormais, il se consacre à la cuisine et à l'écriture, "même si aujourd'hui, précise-t-il avec beaucoup d'humour, je suis surtout sollicité par le village pour des oraisons funèbres !" Un grand merci à cet homme et à son épouse - généreux, chaleureux et disponibles - qui nous ont accueillis à leur domicile pour nous confier les grandes lignes de cette belle carrière. De plus, Jacques Bodoin nous a aimablement autorisés à reproduire quelques extraits de "Anecdotiques", ses mémoires déposés à la SACEM qui seront prochainement publiés.

 

Les débuts

aaaaaaaaaaMes débuts furent difficiles car à l'âge de 18 ans, alors que je m'apprétais à suivre des études de médecine, la Guerre éclata. A la fin du conflit, j'avais 24 ans, je me trouvais à la frontière autrichienne avec les tirailleurs marocains, et mes parents, qui avaient une modeste situation, se retrouvèrent sans un sou. Toutefois, à cette époque, je me suis aperçu que j'avais en moi un petit don pour faire rire et, dans la résistence, j'avais rencontré une sorte "d'aumonier laïque" qui connaissait les Compagnons de la musique. Ces derniers allaient devenir plus tard les Compagnons de la Chanson. Je les ai donc rejoints à Lyon et je suis resté avec eux pendant six mois environ. J'y ai appris à chanter juste sous la tutelle de Louis Liébard, qui était très pointu et nous faisait faire des gammes au diapason qui n'en finissaient plus. Mais l'atmosphère entre nous était plutôt électrique. Eux avaient été confinés et planqués pendant la Guerre, moi j'avais connu les combats ! Ainsi, je les ai quittés peu après notre rencontre avec Edith Piaf à l'occasion d'un gala à Paris. Je suis reparti à zéro, ne connaissant absolument personne dans ce métier.

aaaaaaaaaaA la fin de l'été 1945, Marc-Gilbert Sauvageon, alors auteur de romans et de pièces de théâtre à succès comme "L’amant de paille" (ndlr : pièce comique pour laquelle Daniel Gélin obtint un modeste rôle à Louis de Funès) m'invita à aller voir le tournage d'un film. J'ignorais tout de ce qu'étaient vraiment les moeurs du cinéma, mais cela avait tout de même un côté féérique. En effet, j'étais le client "lambda" du cinéma de Tournon sur Rhône, où j'allais admirer les prouesses de Fred Astaire, James Stewart (Franck Capra) et Youri Weissmuller (Tarzan) chaque samedi. Alors je me suis rendu sur le tournage. Le film en question s'intitulait "Les Amants du Pont Saint-Jean", était réalisé par Henri Decoin et avait pour vedette Gaby Morlay et Michel Simon, véritables stars à cette époque. L'histoire mettait en avant deux cloches, fonctionnant à la Syrah, qui vivaient entre Tain l'Hermitage et Valence.

aaaaaaaaaaLe tournage se faisait en extérieur et l'une des scènes demandait beaucoup de luminosité. Or, comme il y avait ce jour là pas mal de nuages sur la vallée du Rhône, Henri Decoin était passablement énervé et ne cessait de jurer "Nom de Dieu de nom de Dieu !" Lorsque le cadreur signala une éclaircie au nord, un assistant courut avertir Michel Simon : "ça s'arrange, il y a un peu de bleu dans le ciel, nous allons pouvoir faire le plan tout de suite". Assis et machonnant d'une maussade humeur une paille, Simon répliqua "je n'irai pas" (ndlr : Jacques Bodoin imite l'acteur à la perfection). L'assistant insiste et répète que, comme le temps s'améliore, c'est le moment ou jamais de tourner. Simon, toujours imperturbable, ne change pas d'avis : "je n'irai pas... non, je n'irai pas. Dîtes à Decoin qu'il se dérange". L'assistant court vers le réalisateur et transmet. Decoin, qui n'était pas quelqu'un de facilement manipulable, répond "Va donc lui dire qu'il nous emmerde et qu'il se dépêche !" L'assistant avale à nouveau. "M'sieur Simon, M'sieur Decoin vous dit de vous dépêcher." Imperturbable, Simon répond après un long silence : "Dites à Decoin qu'il n'est pas courtois... je n'irai que lorsqu'il m'aura chanté une chanson".

aaaaaaaaaaComprenant que l'éclaircie sera de courte durée, l'assistant se dévoue et demande : "qu'est ce que c'est la chanson ?". "Dîtes à Decoin de me chanter Il était un petit navire" répond Simon. "Je veux bien vous la chanter, réplique l'assistant, si ça peut vous faire plaisir." Lorsque le malheureux arrive à ses fins, Simon juge sa performance et lui lance "ce n'est pas mal mais vous débutez dans la chanson, et moi c'est Decoin que je veux". Alors arrive le réalisateur, pressé et couroussé. Face à l'insistance de son capricieux interprête, Decoin éructe : "Je vais te la chanter, ta connerie". Decoin s'exécute et chante très fort en l'engueulant à moitié. Cela ressemblait plus à une marche révolutionnaire. A la fin du morceau puissemment interprété, Simon se lève tranquillement après avoir relever la visière de sa casquette et lui dit : "tu vois ? tu n'es pas très courtois... je suis à toi."

aaaaaaaaaaFinalement, Simon fit le plan et, comme il était un as, la première prise fut la bonne. Voici donc ma première expérience dans le monde du cinéma, que je ne connaissais pas alors, et que j'ai trouvé épouvantable ! Mais le soir même, l'équipe célébrait l'achèvement du tournage par un pot auquel je fus convié. Sauvageon me présenta à Decoin en lui apprenant que j'avais écrit un pastiche amusant sur les Bourgeois de Calais, vus par Laurel et Hardy, par Max Régnier (un auteur éminent de l'époque) et par André Alerme, un acteur habitué aux seconds rôles. Je me produisis devant l'équipe du film qui rigola beaucoup. Très amusé et enjoué, Willer me dit avec enthousiasme "il faut monter jouer ça à Paris !". Embêté, je lui répondis que je n'y connaissais personne. Alors, Sauvageon me donna sa carte en me précisant qu'il verrait ce qu'il pourrait faire lorsque je débarquerais dans la capitale. Ainsi, je suis monté à Paris.

 

Photographie de Jacques Bodoin extraite d'un journal des années 1960 (collection privée).

 

Des premiers cabarets aux Deux Anes

aaaaaaaaaaComme convenu, une fois arrivé à Paris, Sauvageon me donna rendez-vous à son bureau un vendredi soir. Après m'être perdu du côté de la Porte Maillot, je m'y suis présenté en retard. Sauvageon avait judicieusement invité Noël Noël, une star absolue de l'époque, qui avait été très engagé dans la résistance pendant la Guerre. D'ailleurs, il avait par la suite écrit un sketch qui s'appelait "Vive la Pologne" avec son personnage emblématique d'Adémaï. Je me suis donc retrouvé dans ce que l'on faisait de mieux dans l'industrie du cinéma, au milieu de personnes élégamment habillées et dans une pièce fort bien décorée. Vêtu d'un petit costume plutôt minable, je n'entendais parler que de droits d'auteurs, de pourcentages, de royalties. Après les présentations, alors que nous étions tous assis autour d'un bureau, j'ai interprété Les Bourgeois de Calais... Je me suis ramassé... Un long silence... Puis l'épouse de l'acteur osa prendre la parole : "moui... j'aime beaucoup Jacques Morel" (ndlr : alors grand imitateur) et Noël Noël, imperturbable, qui était habitué à voir un grand nombre de spectacles, ajouta : "c'est mignonnet, mais votre texte n'est pas incontestable". Cela m'a littéralement scié...

aaaaaaaaaaLe lendemain, j'ai appelé Sauvageon qui me rassura en me disant que c'était de sa faute. Il avait maladroitement mis Noël Noël en rogne peu avant mon interprétation. Et il me décrocha une audition dans un music-hall, appelé Le Petit casino, qui se trouvait rue du Maréchal Foch. C'était l'un des derniers, sinon le dernier, des cafés-concerts qui avaient les délices des années 1900. Un vrai mélange à l'anglaise avec prestidigidateurs, Hercules de foires, trapezistes, chanteurs etc... Le patron de ce café théâtre traditionnel était Alibert, une vedette marseillaise aussi propriétaire des théâtres des Variétés et des Deux Anes. Je fus convié à 10h du matin devant le directeur artistique et d'autres personnes qui se consertèrent après mon interprétation. Selon eux, mes Bourgeois de Calais avaient un côté familial intéressant à l'approche des fêtes de Noël. Je fus placé en première partie et l'on m'invita dans un bureau pour signer un contrat. Ce bureau, je l'avais imaginé comme une grande pièce où se trouvait un impresario fumant le cigare à son vaste bureau, tel qu'on les voyait alors au cinéma. En fait, il s'agissait d'un petit réduit assez obscure décoré de quelques affiches. Il s'y trouvait une secrétaire en fin de carrière qui me fit signer un contrat ressemblant plus à un acte de charité qu'à autre chose. Lorsqu'elle me demanda mon nom, elle s'exclama : "Ah non, Bodoin, ce n'est pas possible ! Il y en a déjà un, il y a l'imitateur Georges Bodoin !" Devant son refus, j'ai commencé à me produire sous le nom de Jacques Parthenay.

aaaaaaaaaaJ'ai ainsi joué chaque soir au Petit Casino. Sur le programme, il était inscrit "n°4 : Jacques Parthenay" mais, comme les trois précédents étaient des orchestres, c'était moi qui ouvrait avec mes Bourgeois de Calais. Et être le premier à faire son numéro dans une revue, croyez-moi, c'est difficile et très interactif car l'on ignore complètement l'humeur du public. Pour mon premier soir, j'étais vêtu d'un pantalon bleu, de chaussures en raphia et d'une veste bleue de yachtman. Une personne dans l'auditoire commenta " ah tiens ! t'as vu ? Il s'habille chez Petit Bâteau !" Et des mémères placées au premier rang ronchonnaient : "Ah ça me fait chier ! On n'est pas venus ici pour entendre l'Histoire de France !" Ce fut une catastrophe... Je suis quand-même allé jusqu'au bout, accompagné par un orchestre approximatif, et je suis allé chercher mon cachet auprès du régisseur, un Marseillais prénommé Auguste. Celui-ci jugea mon numéro en me disant " oh putaing ! oh putaing ! mais tu n'as rien à faire là toi ! Que fait-il ton père comme profession ? Tu ferais mieux d'aller travailler chez lui... Té va !" Il me jeta mon enveloppe. Je me suis rendu dans ma loge, qui ressemblait à un starting bloc du circuit Paul Ricard, et puis je me suis mis à pleurer car j'en avais ras la patate. Soudain, j'entendis frapper à ma porte. C'était Alibert qui, surpris, me demanda ce qu'il m'arrivait. Une fois mon histoire expliquée, il reprit : "Mais Auguste ne sait pas ce qu'il dit. C'est un type qui a essayé de faire du musci-hall pendant 50 ans mais qui n'y est jamais parvenu. Il s'est fait jeter de partout alors, parfois, il se venge. Consolez-vous, moi ça m'a beaucoup plus car votre numéro est original, et je vous prendrai bientôt aux Deux Anes."

aaaaaaaaaaDeux années après ma première expérience au music-hall du Petit Casino, je fus donc bel et bien engagé par Alibert aux Deux Anes. C'est à ce moment là que ça a marché pour moi. Ma carrière a débuté dans ce théâtre qui était un authentique cabaret de chansonniers. Et puis j'ai fait plusieurs rencontres à cette époque qui m'ont aidé. D'une part, j'ai rencontré Daniel Marouani, un homme très courtois et gentil qui ressemblait à s'y méprendre à Walt Disney et qui s'occupa de moi. Et d'autre part, j'ai rencontré Bruno Coquatrix qui me proposa de le rejoindre à l'Alhambra où il montait une revue. Depuis 1947, j'avais atteint une notoriété sur la Côte d'Azur mais, à Paris, l'on ne savait toujours pas trop qui j'étais. Alors je suis allé à l'Alhambra. Jouer dans les cabarets n'était pas évident car l'on jouait pour des personnes qui avaient payé cher pour voir un spectacle et exigeaient de la qualité. C'est donc en jouant dans différents cabarets, dont la Tête de l'Art, que ma carrière s'est progressivement construite à Paris.

aaaaaaaaaaQuant à Noël Noël, qui m'avait scié à mon arrivée à Paris, je l'ai revu en 1967 ou en 1968 à une fête organisée à l'Olympia par le syndicat des chansonniers. Je n'étais pas rattaché à ce syndicat mais Robert Rocca m'avait invité à cette soirée. Le président du gala n'était autre que Noël Noël. En me voyant, il vint me trouver et me féliciter : "oh dîtes donc mon vieux, dans "Les Chauves-souris" vous m'avez épaté en jouant la scène d'ivresse". Je lui répondis que nous nous connaissions et lui rappelai notre première rencontre. Surpris, il répliqua "aaahhh, c'était vous !!! Qu'est ce que je me suis fait engueuler par ma femme ce jour là. Parait-il que j'avais été odieux avec vous." Il m'expliqua que sa mauvaise humeur était venue d'une récente dispute avec sa épouse qui lui reprochait une infidélité. Finalement, il m'appela quelques mois plus tard pour me proposer un rôle dans "La Sentinelle endormie" qu'il s'apprêtait à tourner. Etant en tournée avec Karsenty, je fus contraint de refuser.

 

Recto du 45T tour "Face à face - Cacahuete", deux sketches de Jacques Bodoin

 

 

Naissance de Philibert et premiers disques

aaaaaaaaaaEn septembre 1953, j'ai eu un accident de la route près de Vichy. A l'hôpital, je reçus un coup de téléphone du directeur de Radio Luxembourg qui s'appelait Gilbert Cesbron et qui me fit une proposition : "j'ai appris que vous avez eu un accident. Puisque vous êtes immobilisé, pourquoi n'en profiteriez vous pas pour nous bâtir une petite maquette ?" Il me demandait de faire de la radio, ce qui m'intéressait vraiment. C'est donc blessé et sur un lit que j'ai "accouché" de Philibert. J'ai eu l'idée de ce personnage après m'être questionné sur les relations - parfois conflictuelles - que peuvent avoir un père et son fils. Avant, le père se servait de son autorité pour s'imposer et pour prouver quelque chose par A + B simplement en disant à son enfant : "ça suffit, tu te tais, ce n'est pas toi qui décide etc...". Et j'ai progressivement imaginé un enfant renversant la situation, avec un père se retrouvant dans une position subalterne. Sesbron fut séduit par la maquette, qu'il trouvait pourtant (en bon catholique engagé) un peu irrévérencieuse, et me fit signer un contrat. A raison de deux fois par semaine, j'avais droit à dix minutes en prime-time sur Radio Luxembourg, à 19h40. "Toutefois, ajouta-t-il, il faut que vous compreniez que je vous donne un grand tabouret avec un grand mégaphone et que vous aurez 4 à 5 millions d'auditeurs chaque soir. Nous couvrons la France, mais aussi les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Donc vous avez des responsabilités. Vous avez quelques minutes pour amuser les auditeurs et non pour les déprimer et les déchoir. Je veux du comique." Je me suis donc lancé et l'émission a fonctionné dès les premiers soirs.

aaaaaaaaaaRapidement, avec mon personnage de Philibert, je commençais à m'en sortir. Un soir, sur une affiche dans une station de métro, je fus surpris de lire "salut Jojo, salut mon pote" qui étaient les premiers mots dits chaque soir par Philibert et l'un de ses copains. Un peu plus tard, en été, je me trouvais rue du Faubourg du Temple en voiture. La fenêtre du conducteur était ouverte et j'entendis deux enfants qui couraient. Le premier demandait au second d'aller chercher du pain à la boulangerie mais celui-ci refusait car c'était "l'heure d'écouter Philibert" ! Je me rendais compte que mon truc marchait vraiment ! Avec Philibert, j'avais même été contacté pour une publicité. Elle devait mettre en valeur une marque de pantoufles de caoutchouc, dont le slogan revendiquait que l'on pouvait marcher avec dehors ! Mais j'avais imaginé un Philibert sceptique qui ne comprenait pas l'intérêt que son père pouvait trouver avec de pareilles pantoufles, et ce n'était pas très vendeur (rires) !

aaaaaaaaaaC'est donc lorsque ma carrière débuta que je fis mon premier disque en 1953, qui comprenait un sketch de Philibert, "Le Sermon du curé" et "La Tribune des journalistes". Comme je m'inspirais beaucoup de faits de société, j'avais eu l'idée des journalistes parlementaires en 1950 avec Francis Blanche pour une revue intitulée "Sauce Piquante" que l'on jouait au Théâtre des Capucines. Nous nous étions inspirés d'une véritable émission dans laquelle un homme politique était confronté aux questions de journalistes de l'Humanité, de l'Aurore etc... "La Tribune des journalistes" a bien marché. Je trouvais cela amusant mais difficile à faire car j'interprétais seul toutes les voix. Car chaque personnage de l'histoire s'exprimait avec son propre timbre de voix mais aussi avec son propre rythme. Bref, je ramais en préparant mon sketch des journalistes parlementaires. Et je me souviens que, après un mois de répétitions, j'avais encore du mal. A ce moment là, le metteur en scène de la revue, Max Révol, me demanda de lui jouer le numéro. Une fois interprêté devant lui, il me dit sceptique : "écoutes... je ne sais pas. Sois tu te ramasses complètement, soit tu fais un tabac avec" ! J'ai joué la première devant 500 spectateurs, dont François Mauriac, Gérard Bauer, Louis Madelin de l'Académie française. Quelques personnages que j'avais inventés ont plu à l'auditoire et, le lendemain, même si je n'étais pas encore connu à Paris, j'ai reçu des messages gentils de la part de plusieurs personnes. Et c'est à cette époque, avec ces personnages, que j'ai commencé à entrer dans le parisianisme.

 

"Le sermon du curé de Bouffarigues" et "La Tribune des journalistes"

 

aaaaaaaaaaParfois, je regrettais un peu la grande notoriété qu'avait Philibert car je devais écrire beaucoup de sketchs et je n'arrivais à faire que ça ou presque. Comme le personnage me poursuivait, j'aurais pu faire un caprice de vedette en le méprisant. J'aurais pu rouspetter auprès de ma maison de disques : "oh non pas encore Philibert !" Mais j'étais respectueux et reconnaissant car c'était le personnage qui avait lancé ma carrière et qui m'avait apporté la notoriété. Avec lui, j'ai notamment connu un bon succès avec le sketch "La Table de multiplication" [ndlr : vendu à 3,5 millions d'exmplaires], enregistré en public au théâtre des Deux Anes en 1964.

 

Pochette du 45T "La Table de multiplication", le plus grand succès de Jacques Bodoin (collection F&J)

 

La Grande Vadrouille

aaaaaaaaaaJ'ai peu tourné au cinéma, mais j'ai pas mal travaillé avec Piere Tchernia, notamment dans "Le Viager". Il m'a pris car il montait quelque chose sur les gens qui venaient du cabaret, notamment avec Michel Serrault. Et puis il y a eu "La Grande Vadrouille". Donc ce furent des sacrés coups de bol car j'ai trouvé le moyen de tourner dans deux films qui passent régulièrement à la télévision !

aaaaaaaaaaAux premiers mois de 1966, je me produisais à la Tête de l'Art, cabaret alors très en vogue et fréquenté par une clientèle que je dirais par euphémisme attentive, pour ne pas dire exigeante. Je jouais alors un sketch qui s'appelait "La Leçon d'anglais". Un soir, Gérard Oury se trouvait dans la salle avec Michèle Morgan. A la fin de mon "four", ils m'invitèrent à boire un verre avec eux. Et Oury me dit : "je prépare actuellement un truc assez important avec Bourvil et de Funès. Est-ce que vous accepteriez un petit rôle ? Je ne sais pas encore lequel... ". Comme Oury savait que je chantais, ce fut le rôle de Méphisto, chef du réseau de l'Opéra qui m'échut.

aaaaaaaaaaLe tournage fut très agréable car je retrouvais mon vieux copain Bourvil, avec qui j'avais débuté, notamment dans une opérette qui s'appelait "Le Marhadjah" et qui n'avait pas bien marché à l'époque. Nous nous étions inspirés des spectacles du Châtelet, avec des machineries considérables (des locomotives, des éléphants etc...) qui entraient en scène. Nous jouions à l'Alhambra et il y avait sur scène un sous-main de poche duquel Bourvil et moi sortions pour remonter à la surface. En arrière plan était projeté un fond bleu avec des poissons. C'était une scène difficile à jouer et, le soir de la générale, alors que Bourvil remontait à la surface, le filin qui le guidait se bloqua. Immobilisé, il continuait quand même à nager et tournait sur lui-même. Le public voyait donc son profil, puis son postérieur... et lorsqu'il se retrouva face à l'auditoire, il dit : "je ne peux pas vous parler, j'aurais de l'eau plein la bouche." Bourvil était quelqu'un de très charmant avec qui il était vraiment agréable de travailler. Et il pouvait jouer plein de personnages, il était bon partout, que ce soit dans "La Grande Vadrouille" ou dans "Le Miroir à deux faces".

 

Jacques Bodoin se cache derrière Méphisto dans "La Grande vadrouille" (G. Oury, 1966)

 

aaaaaaaaaaTechniquement, le tournage à l'Opéra de Paris ne fut pas évident. De grandes précautions étaient nécessaires car la ville de Paris ne prétaît pas aussi facilement l'Opéra pour un tournage, d'autant plus qu'il s'agissait d'une grosse production. J'ai tourné pendant trois jours sur ce film. Mon premier plan avec de Funès concernait la répétition de l'orchestre. Nous nous connaissions bien sûr (j'avais vu ses interprétations de music-hall dans "Ah ! les belles bacchantes" et "La Grosse valse") mais nous n'avions jamais oeuvré ensemble. Si bien que lorsque je suis arrivé pour tourner le premier plan, je l'ai vu à son pupitre avec un authentique chef d'orchestre qui lui montrait les anticipations qu'il devait avoir. Certes, Louis de Funès était musicien mais pas de là à diriger un orchestre. Aussi était-il sous la férule de Jacques Metehan, chef d'orchestre au long cours, et paraissait tendu. Lorsqu'il me vit, de Funès ne me serra pas la main et, de loin, se contenta de me demander si j'allais bien. Et puis il précisa : "attention, ici, il n'y en a qu'un qui fait rire" en se montrant lui-même du doigt. C'était pour rire bien entendu, en tout cas sa manière de nous mettre à l'aise. Bourvil était d'un commerce beaucoup plus aisé. En effet, entre les prises, il passait son temps à faire le "couillon", ce qui déplaisait à de Funès qui se montrait beaucoup plus concentré. Par exemple, dans les coulisses de l'opéra, lorsque je plaquais contre le mur Bourvil déguisé en officier allemand, sa casquette bougeait et manquait de tomber. Il s'ingéniait au cours des "prises" à provoquer, grâce à des "happening" de son cru, une faille dans la posture atrabilaire du kapelmeister. Cet effet faisait rire Bourvil qui en rajoutait ! Et Louis de Funès, se rendant compte que la scène était à refaire, lui reprochait "mais enfin merde, arrête un peu tes conneries" (rires) ! C'est un formidable souvenir car Louis de Funès et Bourvil étaient très complices. Mais, au delà de cette anecdote, je me suis très bien entendu avec de Funès, qui était musicien comme moi et qui avait le sens du rythme.

aaaaaaaaaaSur le tournage, il s'imposait et il avait raison car il était non seulement doté d'une intelligence incroyable, mais savait aussi donner du rythme à ses films. Il n'était pas auteur de "La Grande Vadrouille", la plupart des gags venaient de Gérard Oury, Danièle Thompson et leurs gagmen.Le grand mérite de De Funès était le perfectionnisme qui le poussait à l'efficacité. Et à cet égard, il était stupéfiant. Finalement, il avait mérité sa réputation et son statut après avoir ramé pendant tant d'années tout en conservant ce génie en lui. Personnellement, il m'avait déjà impresionné dans "La Traversée de Paris" où il avait un rôle à contre-emploi en interprétant un épicier minable et dégueulasse.

aaaaaaaaaaLa scène des égouts fut tournée aux studios de Boulogne-Billancourt où le décor entièrement reconstitué était un modèle d'ingéniosités. Dans le scénario initial, les frères tabet avaient imaginé un échange "oecuménique" entre Méphisto et le kapelmeister au moment où la barque s'éloignait. Alors que je regardais le petit groupe fuir en bateau l'armée allemande, je leur lançais "Dieu vous garde", ce à quoi Louis de Funès devait ajouter "c'est un bon diable". A la première répétition, de Funès fit la moue et dit à Gérard Oury. "- Non. - Quoi non ? - Je le sens pas, c'est pas mon truc !" Oury était la tolérance incarnée, il n'insista pas. Il se tourna vers Bourvil et lui demanda "André ? ça t'intéresse ?" "Si tu veux..." répondit Bourvil. La "chose" fut donc "mise en boîte" à la deuxième prise avec un gros plan "c'est un bon diiââble" dans la plus parfaite tradition de ce "benoit satisfait" où Bourvil excellait. C'était exact, apaisé et en situation. Et naturellement drôle. Cependant, pour des raisons que j'ignore, cela fut coupé au montage.

aaaaaaaaaaCe film est une totale réussite car il est beau. Qu'il s'agisse des paysages ou des acteurs, tout ce qui est filmé y est extraordinaire ! Rien n'est dérangeant ou vulgaire, même la scène des égouts avec les péripatéticiennes. Je trouvais que les dialoguistes du film, les frères Tabet, avaient trouvé de très bons trucs comme "y a plus d'hélices hélas c'est là qu'est l'os". "La Grande vadrouille" est un monument qui regorge de trouvailles en situations, en répliques savoureuses, sans parler de l'esthétique des images et de la qualité des cadrages.

aaaaaaaaaaLouis de Funès était un inventif extraordinaire qui a créé un personnage nouveau. Les gags visuels qu'il trouvait et sa vivacité incroyable montrent qu'il était un génie comique. Mais vous ne pouviez pas lui demander de faire dans l'émotion forte comme Bourvil dans "Le Miroir à deux faces" car cela ne collait pas à son personnage. C'est vrai que Louis de Funès était le patron sur les plateaux de tournages et que c'est plus lui - plutôt que le réalisateur - qui faisait le film. Mais il avait raison ! D'ailleurs, la plupart des metteurs en scène n'ont jamais fait de carrière comme acteur car il y avait quelque chose qui coinçait dans leur jeu. Et Oury a fait de bons films justement parce qu'il avait été comédien avant.

aaaaaaaaaaQuant à Gérard Oury, c'était un type vraiment très charmant avec qui il n'y avait aucun problème. Nous sommes d'ailleurs restés très amis. Il savait parfaitement ce qu'il faisait en faisant jouer côte à côte ces deux géants du rire car ils les avaient testés dans "Le Corniaud". Il savait où ce tamdem conduirait le film. Et d'ailleurs ce duo comique - qui a parfaitement fonctionné pendant le tournage - perdure car il n'a pas perdu un gramme de son efficacité. La religiosité que plusieurs générations portent aujourd'hui à ce film est formidable. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant : lorsque l'on a vu le film, nous sommes sous le charme car c'est un comique séduisant, dont quelques scènes sont irrésistibles. "La Grande Vadrouille" est un film à la fois tendre, charmant, délicat, sensible et dégage comme un enchantement.

 

AA

Jacques Bodoin en Méphisto et la fine équipe en fuite dans la scène des égouts de "La Grande Vadrouille". "DIEU VOUS GARDE !"

 

Europe 1

aaaaaaaaaaComme je vous l'ai dit, je m'inspirais beaucoup des faits de société pour écrire. Et ce fut vrai lorsque, à partir de 1970, j'animais une émission sur Europe 1 qui s'intitulait "Avec le sourire de Jacques Bodoin". Je devais écrire quatre sketchs tous les jours, les autres étaient écrits par d'autres auteurs, dont Robert Rocca. Cela faisait huit sketchs quotidiens de trois quatre minutes que je jouais en direct dans un espace de deux heures. Cela n'avait l'air de rien mais il fallait avoir huit idées de départ, huit sujets et huit chutes chaque jour ! Pour cette émission j'ai créé 14 personnages. Parmi les journalistes parlementaires, l'un d'entre eux s'appelait Guy Louis Guili, surnommé l'Equivoque. Et un jour, dans les couloirs, Roger Couderc - qui avait été radié de la télévision après mai 68 - me demanda avec un air blagueur "oh putain, qui s'est qui fait le pédé ?" Lorsque je lui répondis que c'était moi, il ne voulait pas me croire au début (rires) !

 

Le chant

aaaaaaaaaaAprès l'incroyable succès de "La Table de Multiplications", j'ai commencé à être chouchouté par ma maison de disques Festival. A cette époque, je sortais trois sketchs de Philibert par mois et, pour tout vous dire, je souhaitais passer à autre chose. Depuis l'époque des Compagnons de la Chanson, j'avais un peu travaillé ma voix de baryton que j'aimais utiliser pour chanter, au music-hall, dans les revues, et je révais de le faire avec un big band comme Astaire autrefois ou Laurent Gerra aujourd'hui. Mais la production refusait. D'une part, pour la musique, elle avait déjà fait signer Verschuren. D'autre part, elle insistait pour que je continue avec mon personnage Philibert car les disques se vendaient très bien. Donc, l'intérêt commercial l'emportait. Mais un jour, en 1967, j'ai rencontré Roger Marouani, une personne très fine qui aimait les variétés à l'américaine et à qui j'ai demandé de chanter avec ma première épouse Micheline Dax pour la télévision. Lorsque je proposai de le faire en anglais, il y eut une réticence car la télévision ne diffusait alors que des variétés en français. Toutefois, comme je lui rapportais pas mal d'argent avec mes disques, ma maison de disques me fit une fleur et accepta. Avec un orchestre de 44 musiciens, Micheline et moi avons donc enregistré plusieurs morceaux sur 18 pistes, ce qui était rarissime à cette époque. Une fois l'enregistrement terminé, Marouani me dit "c'est formidable ça, il faut le vendre maintenant". Il était donc question d'en faire un disque. Par conséquent, la production voulut en faire la promotion et demanda un créneau dans une émission télévisée populaire qu'animait Guy Lux. Ce dernier refusa tout d'abord car la chanson était en anglais. Et finalement, à force de le cuisiner, il accepta, à condition que le morceau chanté ne figure par sur l'album ! Voyez comme nous étions aidé ! Alors nous avons chanté "Tonight" ce soir là à la télévision, avec l'orchestre de Raymond Lefèvre. Dans le milieu, on commençait à dire que je faisais du Sinatra, ce qui était complètement faux car ce que je chantais se rapprochait bien plus d'Astaire.

aaaaaaaaaaPlus tard, en 1970, je voulais chanter du Trénet. Je fis part de mon projet à Marouani mais les producteurs étaient réticents car ils considéraient Trénet comme un artiste fini, en fin de carrière, alors que le yé-yé était à la mode. Une fois la maquette dans la boite, je suis allé le trouver au Don Camillo où il se produisait, pour qu'il collabore un peu à mon album en préparation en écrivant un petit mot. Après lui avoir remis la maquette, je lui fis part de mon souhait mais, sans répondre, il se contenta de remettre l'enregistrement à son secrétaire et disparut. J'attendis plusieurs semaines jusqu'au jour où la direction estima qu'il fallait s'en passer. Un mois et demi plus tard, j'ai croisé Trénet dans un cabaret qui ne me reparla pas de notre première entrevue. Et j'appris alors par une personne qui le connaissait bien que j'aurais dû lui demander "combien prendriez-vous pour écrire un petit mot sur le disque ?" pour qui me le fasse immédiatement ! Finalement, mon disque est sorti trois mois avant le spectacle d'adieu de Trénet à l'Olympia. Tout Paris, qui le croyait terminé, était venu voir l'Empereur sombrer. Et ce soir là, Trénet les bouffa tous jusqu'au trognon en chantant pendant trois heures, notamment sa nouvelle chanson "Fidèle", et sa carrière est repartie ! Et en parrallèle mon disque se vendit mal.

aaaaaaaaaaJ'ai tout de même pas mal chanté à la télévision gràce à Nohain. Il y avait notamment "Papa n'a pas voulu", où je reprenais le rôle de Philibert, et "La partie de Bridge", un petit chef d'oeuvre chanté avec Jacqueline Maillan, Philippe Nicaud et Michel Roux. J'ai aussi chanté du lyrique, en commençant avec "La Chauve Souris", créée en 1904 par Max Dérhy, avec l'Orchestre National. C'était impressionnant car je n'avais pas une musicographie qui me permettait de me confronter avec l'Orchestre National, qui comprenait 104 musiciens répétant trois à quatre heures chaque jour. Puis j'ai notamment enchaîné avec Jupiter dans "Orphée aux enfers" avec un orchestre magistral.

 

Doublage

 

aaaaaaaaaaJ'ai pas mal travaillé avec René Gosciny (le co-créateur de Lucky Luke et d'Asterix avec les dessinateurs Morris et uderzo). J'avais notamment doublé un dessin-animé de Lucky Luke dans les années 80 (ndlr : Daisy Town, en 1984) et puis en 1968, j'avais doublé un chamelier qui chantonnait dans Astérix et Cléopâtre. C'est Gérard Calvi qui avait écrit la musique sur un si bé-mol. Lorsqu'il me présenta la chanson, je lui répondis que je n'étais pas ténor mais baryton. Il ne voulut rien savoir et insista : "le morceau sera joué et enregistré en si bé-mol". Ce fut difficile mais rigolo à faire...

aaaaaaaaaaUne autre difficulté apparut pour Cendrillon, en 1950, lorsque je doublais les deux souris Jack et Gus. Les voix originales des personnages, dans la version américaine, étaient rapides car très accélérées. Comme il convenait de faire la même chose en France, une machine avait été spécialement construite pour traiter le débit de nos doublages. Nous enregistrions avec des voix graves, qui trainaient, et la machine les accélairaient ensuite pour donner une voix aigue aux souris. L'année suivante, j'ai doublé un autre Walt Disney : Alice au pays de merveilles. Par ailleurs, j'avais déjà travaillé en 1947 sur Coquin de printemps en doublant Donald, Mickey et Jiminy Grillon.

 

"Le Manège enchanté" avec, au premier plan, Pollux (collection Cinémotions)

 

aaaaaaaaaaEt puis il y eut l'épisode de Pollux. Cette histoire a commencé d'une façon très bizarre. Je connaissais à l'époque un groupe de jeunes chansonniers qui s'appelaient Les Garçons de la rue. Mais rapidement, leur groupe s'est séparé. Et j'ai revu plus tard l'un des membres, qui s'apprétait à lancer une émission pour les petits, alors que Nounours sur la première chaîne était très en vogue et faisait un tabac. Avec un ami photographe qu'il avait rencontré, il avait réuni un peu d'argent pour faire une maquette. "Ce projet, me dit-il, ce n'est pas grand chose pour le moment. Juste un roi qui monte et qui descend un escalier avec une couronne sur la tête. On devrait appeler ça Le Manège enchanté..." Et il ajouta : "On voudrait que tu fasses les voix mais nous n'avons pas un rond à te donner". Je lui répondis que ce n'était pas un problème et que j'acceptais de lui faire les voix pour lui rendre service. Alors, nous nous sommes mis à travailler dans le studio. Comme prévu, j'ai fait les voix des enfants du manège. Mais il n'y avait pas encore de chien. Dans une scène du sixième épisode, un chien arriva dans le champ : il s'approchait de la caméra et repartait sans rien dire. Intrigué, j'ai demandé : "mais qu'est ce que je dois faire dire à ce chien ?". On me répondit "Rien du tout, c'est la maquette d'un petit anglais qui assiste au montage, nous l'avons mis dans l'épisode pour lui faire plaisir." Au moment du doublage, lorsque le chien quittait le champ et que l'on ne voyait plus sa tête, je lui ai fait dire "je cherche mon sucre" avec un accent britannique... Le chien a refait un court passage dans le septième épisode, où il disait "je n'ai toujours pas retrouvé mon sucre" et puis on en est resté là. Plusieurs émissions sont passées, sans aucune nouvelle réapparition du chien. Et progressivement, les enfants qui regardaient l'émission se sont mis à écrire. Ils nous demandaient où était passé le chien ou si le chien avait retrouvé son sucre ! Alors le chien est réapparu et fut nommé Pollux. Et il rencontra le succès incroyable que vous connaissez !

 

Jacques Bodoin et les auteurs du site en novembre 2008 (collection F&J)

 

Page créée le 19 décembre 2008, modifiée le 2 avril 2017

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