Jean-Noël GRANDO

 

aaaaa Fantômas revient ! Ces mots avaient été autrefois choisis par les scénaristes et publicitaires pour annoncer le retour du célèbre bandit au masque vert. C'était en 1965, et à sa sortie en salle, le film avait finalement hérité du titre « Fantomas se déchaîne ». Prenez garde car, un siècle après sa naissance, un demi-siècle après ses exploits dans la trilogie d'Hunebelle, Fantômas est de retour ! Le génie du crime commet un nouveau forfait en s'invitant chez Alliance Editions et dans toutes les bonnes librairies. Sa nouvelle victime ? L'historien du cinéma Jean-Noël Grando, qui signe « Fantômas tombe le masque ». Son livre revient évidemment sur les films d'André Hunebelle – Jean Marais illustre d'ailleurs la couverture – mais s'intéresse aussi au mythe d'un personnage fascinant. L'auteur analyse le récit originel de ses créateurs Pierre Souvestre et Marcel Allain, créateurs d'un anti-héros maléfique, insaisissable et diabolique, mais fait aussi la partie belle aux adaptations de la première moitié du XXe siècle, « les plus intéressantes car les plus proches du véritable personnage imaginé par la littérature et au service d' un véritable univers », avance Jean-Noël Grando.

aaaaa « Fantômas tombe le masque » comprend une iconographie soignée, en particulier de sublimes affiches des longs-métrages qui ont jalonné l'histoire du cinéma. Ces documents proviennent majoritairement de la maison Gaumont qui, comme le rappelle Jean-Noël Grando, « a la main mise sur Fantomas puisque c'est cette société qui a produit la majorité des adaptations cinématographiques, de Feuillade à Hunebelle. »

aaaaa Dans le cadre de notre mise à jour consacrée au célèbre personnage, il nous paraissait évident d'échanger avec l'auteur de ce nouvel ouvrage, afin d'évoquer l'image de Fantômas, la place qu'occupe la trilogie d'Hunebelle dans la carrière de ce héros désormais centenaire, ainsi que son possible retour au cinéma, comme le sous-entendent les nombreux projets annoncés dans la presse. Mais ça, c'est une autre histoire... Fantômas reviendra-t-il ? En attendant une nouvelle apparition sur les écrans, retrouvez Fantômas dans cet entretien, pour lequel nous remercions chaleureusement l'auteur Jean-Noël Grando.

 

Couverture du livre paru chez Alliance Editions (cliché F&J)

 

 

Interview de M. Jean-Noël GRANDO du 6 février 2016 par Franck et Jérôme

 

- M. Grando, vous êtes diplômé de lettres modernes et cinéphile. Quand et comment avez-vous découvert le personnage de Fantômas ?

- Je l'ai d'abord découvert à la télévision en voyant les films d'Hunebelle lorsque j'étais enfant. Après cette première approche, ayant affirmé ma cinéphilie, j'ai réalisé que Fantômas au cinéma ne se limitait pas uniquement à cette trilogie. J'ai vu alors les films de Louis Feuillade, à l'Institut Jean Vigo à Perpignan où je me suis intéressé à son oeuvre avant de me pencher plus tardivement sur la littérature d'Allain et Souvestre.

 

- Comment est né votre projet d'ouvrage ?

- Ce livre est né d'une rencontre avec mon éditeur, qui avait déjà travaillé sur un premier ouvrage que j'ai publié sur le cinéma et qui s'intitule « Cent Ans de Cinéma en Pyrénées-Orientales ». Il voulait publier un livre sur Fantômas en 2014 pour le cinquantième anniversaire de la trilogie d'Hunebelle, puisque le premier volet est sorti en 1964. De plus, c'était une date assez proche du centième anniversaire du premier Fantomas réalisé par Feuillade en 1913. La réalisation a pris plus de temps que prévu et l'ouvrage est finalement sorti l'année dernière.

 

- Le personnage de Fantômas est né avant guerre, il a maintenant plus de 100 ans. En analysant le personnage et le style de ses auteurs Souvestre et Allain, peut-on parler de surréalisme avant l'heure ?

- Oui, il y a un peu de ça, d'autant plus que Fantômas a été récupéré par les Dadaïstes puis les Surréalistes tels Robert Desnos et Max Jacob. Nous savons que Jules Bonnot, leader de la bande qui porte son nom, a été l'inspiration principale des auteurs Souvestre et Allain. Leur volonté était de bâtir un héros maléfique et méchant. Fantômas, c'était l'empereur du crime, un maître insaisissable de l'effroi, qui n'avait pas d'équivalent dans la littérature populaire de l'époque.

 

- Justement, vous qui avez poursuivi des études littéraires, ne trouvez-vous pas que, dans leur style, ces romans feuilletons ont moins bien vieilli que l’œuvre de Maurice Leblanc (Arsène Lupin) par exemple ?

- Littérairement, le style n'est pas très bon. Le manque de liens narratifs fait qu'on s'y perd assez vite, le lecteur ne sait plus trop où il en est. Il se raconte que, pour gagner du temps, les deux auteurs écrivaient chacun un chapitre séparément. J'ignore si cela est véridique ou relève plus de la légende mais il est certain que les enchaînements entre les chapitres ne sont pas toujours très adroits. Le public s'est passionné pour ces romans feuilletons mais c'est un réalisateur, Louis Feuillade, qui va vraiment saisir pleinement l'essence même de cet univers et qui va le transcender en l'adaptant pour le cinéma. Les films de Feuillade sont pour moi les meilleures adaptations des romans de Souvestre et Allain. Les autres œuvres qui ont suivi ont un univers moins propre.

 

- A commencer par le film de Jean Sacha réalisé en 1947 ?

- Oui, Jean Sacha en a réalisé une version assez commune. Mais elle a le mérite de mettre en vedette une comédienne débutante qui était Simone Signoret. Puis, deux ans plus tard, la version de Robert Vernay « Fantômas contre Fantômas » fait beaucoup référence au nazisme, à la torture, aux heures sombres de l'Histoire... Puis en 1964, le film d'Hunebelle a changé complètement d'orientation en optant pour la comédie.

 

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Affiche de "Fantomas" réalisé par Jean Sacha (1947, coll. AlloCiné) - René Navarre, le premier Fantomas à l'époque du muet (coll. IMDB)

 

- Pour en terminer avec les films de Feuillade, vous apportez des informations extraordinaires sur le comédien René Navarre. Il fut le premier Fantômas au cinéma et son interprétation a produit de curieux effets sur le public...

- Oui, il faut dire que dans les premiers temps, le cinéma a suscité des actions assez curieuses du public. Quand le public a découvert les coups de feu des revolvers dans les westerns, il a cru que les cow-boys leur tiraient dessus. Cette réaction avait été identique avec l'arrivée du train en gare de La Ciotat. Fantômas intervient dès les débuts du cinéma et le public, impressionnable, a identifié ce personnage maléfique avec son interprète René Navarre. Celui-ci a reçu de nombreux courriers d'admirateurs mais aussi des lettres de menace à son domicile. Puisqu'on parlait de Simone Signoret, vous savez qu'elle a interprété une véritable garce dans « Manèges » d'Yves Allégret en 1950. A la sortie du film, le public lui en a beaucoup voulu d'accepter ce personnage très méchant, qui était pourtant très éloigné de la véritable personnalité de la comédienne. Le fait d'incarner avec autant de talent ce type de personnage marque les esprits du public qui a parfois trop tendance à plaquer sur le comédien l'image des personnages qu'il joue au cinéma, en particulier lorsque ce comédien s'est enfermé dans un type de rôle.

 

- C'est un choix délibéré de réserver aux films d'Hunebelle une bonne partie de votre ouvrage ? Vous avez d'ailleurs contacté des personnes qui ont travaillé sur ces films...

- Oui, c'est aussi un choix de l'éditeur mais, à dire vrai, tous les Fantômas de la première moitié du vingtième siècle m'intéressent davantage. Pour travailler sur la trilogie d'Hunebelle, j'ai effectivement contacté Olivier de Funès qui tenait un petit rôle dans « Fantomas se déchaîne » et qui en conserve quelques souvenirs lointains, ainsi que le maître d'armes Claude Carliez et le comédien Christian Toma. J'aurais voulu rencontrer quelques seconds rôles mais ça ne s'est pas fait. Malheureusement, j'ai été très fraîchement accueilli par Mylène Demongeot qui a n'a pas souhaité coopérer. Cela fait partie des dommages collatéraux lorsqu'on réalise un ouvrage...

 

- Quelle place occupe Louis de Funès dans votre panthéon du cinéma ? D'abord, y figure-t-il ?

- Panthéon, c'est beaucoup dire, de Funès est surtout lié à l'enfance et m'a beaucoup fait rire. En mûrissant, je me suis intéressé à ce comédien, qui a un talent incontestable mais qui a besoin d'être cadré, bridé. Lorsqu'il est dirigé par un grand cinéaste avec un scénario qui tient la route, ce peut être très bon. J'ai revu récemment « La Folie des grandeurs » que j'ai trouvé extraordinaire. Dans ce film, il n'y a rien à jeter, c'est parfaitement drôle, très fin, pas vulgaire. Les quatre grands films que Gérard Oury et de Funès ont faits ensemble sont excellents, tout comme « Le Petit Baigneur » de Robert Dhéry et les films d'Edouard Molinaro où l'on trouve de très bonnes choses. Autrement, lorsqu'il n'y a pas un grand nom à la réalisation, je suis plus mesuré. La série des « Gendarmes », par exemple, ne me fait pas rire. Il y a quelques années, j'avais rencontré le réalisateur Jean Dréville qui l'avait dirigé dans « La Reine Margot », où Jeanne Moreau avait le premier rôle. De Funès jouait le parfumeur dans ce film, à une époque où il n'était pas encore connu. Jean Dréville se rappelait que Louis de Funès était venu le voir pour lui dire « Vous devriez peut-être davantage me diriger car on me dit que j'ai parfois tendance à en faire trop ». C'est une anecdote assez révélatrice sur ce comédien qui savait qu'il « chargeait » parfois un peu trop et qu'il avait besoin d'être canalisé.

 

- Quel regard portez-vous sur André Hunebelle et sa trilogie ?

- Malheureusement, Hunebelle ne fait pas partie de ces cinéastes de talent qui ont su exploiter formidablement Louis de Funès, comme Gérard Oury qui lui a permis de faire des choses extraordinaires. Il faut reconnaître qu'André Hunebelle était un tâcheron, dont les œuvres cinématographiques sont assez poussives. Certes, ses films étaient réalisés sans prétention mais ce qui compte au cinéma, c'est que le cinéaste possède un univers, un regard qui lui est propre. Or, Hunebelle n'en a pas. Ce n'était d'ailleurs pas lui qui était initialement pressenti pour mettre en scène les « Fantomas » chez Gaumont mais le cinéaste René Clair, qui avait une autre stature.

 

- L'adaptation très libre et éloignée de l’œuvre vous paraît-elle une tentative malvenue ?

- Non, Hunebelle a choisi d'en faire une comédie, dans un ton en effet très éloigné des œuvres antérieures. Après tout, pourquoi pas ? Mais il aurait fallu une véritable écriture derrière. Le scénariste Jean Halain, qui n'est autre que le fils d'Hunebelle, a présenté des scénarii médiocres qui, sans l'apport de Louis de Funès, ne seraient pas passés à la postérité. Il y a tout de même de bons gags, qui frôlent parfois l'absurde et qui restent très centrés sur de Funès qui sauve plusieurs scènes. Or, en 1964, de Funès s’apprêtait à devenir une star et l'intrigue reposait plutôt sur Jean Marais, la véritable vedette du film. Progressivement, Louis de Funès s'est imposé au détriment de Jean Marais qui en a souffert. Si le souvenir de ces « Fantomas » perdurent aujourd'hui, c'est grâce à Louis de Funès. Je ne connais aucun autre comédien qui a laissé une trace aussi vivace plus de trente ans après sa disparition. D'ailleurs dans mon entourage beaucoup de personnes ont toujours une véritable admiration pour cet acteur.

 

Albert Dagnant, Dominique Zardi, Jean Marais et Henri Attal dans un décor qui rappelle l'ambiance des James Bond.
"Fantomas se déchaîne" d'André Hunebelle, 1965.

 

- Votre livre comprend des approches thématiques intéressantes, vous faites notamment une comparaison entre Fantomas et James Bond.

- En 1962 est sorti « James Bond contre Dr No » et je crois qu'Hunebelle a compris qu'il y avait là un filon à exploiter et qu'il va pouvoir surfer sur cette vague. Dans « Fantomas se déchaîne », Juve fait une référence lorsqu'il demande à ses inspecteurs « De quoi auriez-vous l'air si Fantômas était arrêté par un double zéro quelconque ? » Je ne sais pas si on peut parler davantage de pastiche que d'imitation mais il y a une influence certaine, en particulier dans les gadgets assez drôles et réussis comme le cigare tueur et la fausse main qui ne marche jamais. Dans les années 1960, le monde connaît d'importantes transformations techniques, technologiques et même politiques en pleine Guerre froide !

 

- Outre James Bond, vous évoquez aussi de façon thématique la mode vestimentaire du protagoniste, la place de la télévision dans la trilogie, les décors quasi-surréalistes, la musique pop de Michel Magne... Fantomas serait-il le reflet d'une certaine société aujourd'hui évaporée ?

- C'est un monde définitivement perdu car ces films sont datés et le cinéma ne produit plus ce genre de films aujourd'hui. On parle actuellement d'une nouvelle version de Fantômas pour le cinéma, mais qui n'a plus rien à voir avec les films d'Hunebelle et les James Bond.

 

- Quel regard portez-vous sur la musique de Michel Magne ? Ne participe-t-elle pas au caractère romanesque de Fantômas ?

- Magne était un compositeur spécialisé dans le cinéma populaire. Son thème de Fantômas demeure le plus célèbre aujourd'hui, avec celui des « Tontons flingueurs » qu'il a aussi composé. C'était un personnage attachant mais, paradoxalement, le public rattache aujourd'hui ses mélodies aux films et non à leur compositeur. Mais il est exact que les musiques des « Fantomas » sont restées dans les oreilles car elles ont une identité et ont participé au succès de la série. Les morceaux joués à l'orgue participent à une ambiance romanesque mais ils apportent aussi une touche funèbre, fantomatique et mystérieuse assez proche du véritable personnage. C'était donc assez bien vu de la part de Magne.

 

- Croyez-vous à la nostalgie que des Français peuvent porter à ce type de cinéma populaire distrayant ?

- Je dirais plutôt qu'une partie du public est nostalgique de Louis de Funès mais, là, on s'adresse à un public déjà d'un certain âge. Les nouvelles générations ont-elles de la nostalgie pour lui ? Le connaissent-elles seulement ? Je pense plutôt que de Funès est familier car il incarne les comédies de la jeunesse insouciante d'une certaine époque. Depuis longtemps, les Français sont attachés aux comédies populaires et celles-ci plaisent toujours autant, comme le prouve le succès de films tels « Intouchables » et « Bienvenue chez les Ch'tis ».

 

- La presse de l'époque n'a pas toujours été tendre avec les films d'Hunebelle, certains journalistes ont regretté un trop grand éloignement du personnage de Fantomas. Qu'en pensez-vous ?

- A partir du moment où les romans ont été publiés et les droits cédés à la maison de production, l’œuvre n'appartient plus à ses auteurs, même si Marcel Allain s'est senti trahi. Dans « Ne Touchez pas la hache » de Jacques Rivette, retrouve-t-on La Duchesse de Langeais ? Je n'en suis pas persuadé… Pas plus qu'on retrouve « Ruy Blas » dans « La Folie des Grandeurs ». Je ne suis pas un puriste et je considère les « Fantomas » d'Hunebelle avant tout comme des adaptations. On part d'un matériau existant que l'on transforme par le truchement des scénaristes en lui donnant une nouvelle couleur. Pourquoi l'avoir appelé Fantômas ? Certainement parce que les droits avaient été rachetés par la maison Gaumont. De ces romans, Hunebelle en a donc fait des comédies d'aventure. L'imitation, le pastiche et l'adaptation sont des genres qui, lorsqu'ils sont réussis, gagnent à être connus et peuvent avoir leurs lettres de noblesse.

 

Jean Marais portant le masque vert qu'il a dessiné, tournage au Vésuve, "Fantomas se déchaîne" (1965)

 

- Vous fournissez une analyse parfaitement valable mais qui repose pourtant sur un paradoxe : ce personnage joué par Jean Marais, pourtant le plus éloigné du criminel initialement imaginé par Souvestre et Allain, est l'unique Fantomas qui demeure dans la mémoire collective.

- Oui, pour les films sans aucun doute. D'ailleurs, dans la littérature, Fantômas se transforme beaucoup et ce goût du transformisme à outrance a été bien respecté et mis en valeur par Hunebelle. Le choix de ce masque vert est une trouvaille assez intéressante car, en 1964, les techniques avaient évolué et les maquilleurs disposaient de plus de moyens pour transformer les acteurs. Mais Fantômas ne le porte jamais en public, en extérieurs, il ne l'emploie que dans son repaire. Ce masque rajoute du mystère au personnage lorsqu'il est dans son antre. Avec ses masques, une tradition demeure : Fantômas est insaisissable car il se transforme à volonté. Mais le fait que Jean Marais joue à la fois Fandor et Fantômas me paraît bien mystérieux. Ce double emploi est même une hérésie.

 

- Selon vous, à quoi devrait ressembler Fantomas dans une nouvelle adaptation cinématographique au XXIe siècle ?

- Je crains le pire car une rumeur a longtemps couru sur une possible adaptation réalisée par Christophe Gans avec Jean Réno et Vincent Cassel. Mais après tout, en 1964, des critiques redoutaient-ils le pire en imaginant Marais-de Funès avec Hunebelle aux commandes ? Quoi qu'il en soit, si un projet aboutit, il faut qu'il y ait un véritable travail d'écriture et un œil de la part du metteur en scène.

 

- Ne faudrait-il pas revenir aux origines et laisser de côté le genre comique afin d'éviter toute comparaison avec Louis de Funès ?

- Oui c'est possible, il faudrait probablement trancher et revenir vers une tradition d'effroi. Avec les moyens techniques qui sont les nôtres aujourd'hui, pourquoi ne réaliserait-on pas un véritable film d'épouvante ? Le personnage pourrait être transposé dans un monde déshumanisé, effroyable.

 

En attendant un prochain retour de Fantômas au cinéma, retrouvez-le chez votre libraire ou en cliquant sur les liens ci-dessous :

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