Bernard BOUIX
hgfdeszqfdsBernard Bouix est ce qu'on peut appeler, non seulement un homme à multi facettes, mais aussi un habitué du cinéma. En effet, il n'est pas rare de le retrouver dans des postes différents sur les plateaux. En tant que directeur de production, notamment en 1976 dans "Moi Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère" ou en tant que producteur ("Un coeur qui bat" (1990), "Décrocher les étoiles" (1996), "She's so lovely" (1997), "L'Américain" (2000), "Lost in la mancha" (2001), "Les yeux clairs" (2005), "Golden Door" (2006)). Bernard Bouix fût aussi acteur ("Opération Rainbow Warrior"). Nous le retrouvons enfin comme régisseur général dans "La Soupe aux Choux" de Jean Girault en 1981. Il a eu, à cette occasion, la possibilité de côtoyer Louis de Funès et de découvrir, outre son talent, l'homme sensible et généreux qu'il était hors caméra. Merci beaucoup à lui pour le temps qu'il nous a accordé.
Christine Dejoux et Louis de Funès dans "La Soupe aux choux" (Jean Girault, 1981)
Interview M. Bernard Bouix du 9 novembre 2007 par Franck et Jérôme
- M. Bouix, quand et à quelle occasion avez vous rencontré Louis de Funès ? - Ce fut pour "La Soupe aux choux", un film de Jean Girault, produit par Christian Fechner sur lequel j'étais régisseur général. C'est un souvenir formidable pour moi car Louis de Funès est un homme que j'admirais beaucoup. Je m'occupais de lui sur le plateau, je le soignais beaucoup, tout le monde veillait à son bien être et Louis m'aimait bien.
- Comment se déroule le travail du régisseur général sur le plateau et quelles sont ses activités principales ? - C'est un métier varié où l'on s'occupe aussi bien des autorisations logistiques que de la négociation et le repérage des décors ou encore la recherche de prestataires. Louis, à cette époque, était déjà malade puisqu'il avait eu une attaque sérieuse quelques années auparavant ; de ce fait, toute l'équipe a mis un point d'honneur à ce que les conditions sur le plateau soient les meilleures possibles. Je lui avais notamment trouvé une immense caravane où il disposait d'un grand espace pour se reposer ainsi que de sa loge personnelle. Il n'aimait pas trop la nourriture de la cantine et pour le combler, comme j'avais un ami restaurateur, je lui faisais livrer les petits plats qu'il appréciait.
- Y'a t-il eu des difficultés en ce qui concerne la réalisation du film ? - Non pas du tout. Pour l'époque la réalisation était relativement luxueuse, je ne sais si le terme serait encore approprié aujourd'hui mais la production avait tout mis en oeuvre pour que le film se déroule dans les meilleures conditions. D'ailleurs Christian Fechner a produit plusieurs films avec Louis de Funès.
Photographie d'exploitation du film (collection F&J)
- Christian Fechner disait d'ailleurs que sur le plateau Louis était le patron, mais un "gentil" patron à mille lieux d'être tyrannique vous confirmez bien sûr ? - Tout le film tournait autour de lui. Le réalisateur, Jean Girault, était entièrement dédié à de Funès. De ce fait, sur les aspects infrastructures ou logistique Louis intervenait. Il fixait par exemple les horaires en fonction de ce qu'il souhaitait.
- Intervenait-il sur la technique ? - Non, pas tellement sur l'aspect technique, ce n'était pas vraiment son domaine. Mais comme c'était une personnalité forte, comme tous les grands acteurs, il avait tendance à s'en occuper un peu, à prendre le créneau. Il se mettait toujours dans la position la plus favorable pour lui ce qui est totalement compréhensible dans la mesure où les gens venaient voir le film pour voir Louis de Funès.
- Louis était-il un homme accessible sur le plateau ? - Oui mais il avait parfois ses têtes. Il n'appréciait pas forcément les gens qui venaient le voir sans raison particulière, il le faisait sentir, comme il pouvait être tout à fait charmant avec les personnes autour desquelles il se sentait à l'aise. Dès que l'on avait gagné sa confiance, tout allait bien. Il ne supportait pas la négligence de la part des techniciens, en fait nous n'avions pas tellement le droit à l'erreur.
- Question classique que nous posons régulièrement aux personnes que nous interrogeons, quel est l'état d'esprit de Louis avant une scène ? - Il n'est pas spécialement décontracté, il est très concentré, très professionnel, il fait attention à tout. C'était un acteur d'une précision incroyable. Il connaissait d'avance les gestes, les paroles, les grimaces qu'il allait faire mais il essayait toujours d'améliorer. Il était très précis et méticuleux, il ne fallait pas qu'il y ait d'erreur de lumières ou de caméras.
- Louis apportait-il beaucoup de modifications au cours des différentes prises ? - Je ne pense pas qu'il faisait beaucoup d'improvisations lors des séquences. Tout cela se passait surtout dans sa tête. Il jouait du de Funès, il préparait tout d'avance, sa mécanique était parfaitement réglée.
- Quelles furent les relations entre Jean Carmet et Louis de Funès au cours du tournage ? - Ils se sont merveilleusement bien entendus, il n'y a jamais eu de lutte de pouvoir. Carmet lui laissait volontiers la première place, il avait compris que le film reposait sur ses épaules et que tout tournait autour de lui. Carmet était toujours très gentil, facile et heureux, ils s'entendaient à merveille. Je me souviens d'un tournage sympa avec Louis et Jean qui faisaient des pots le soir et pariaient toujours pour savoir qui paierait l'apéritif !
- Comment s'est déroulée la collaboration entre Louis de Funès et Jean Girault ? - Jean Girault était au service de Louis et pas le contraire. Louis disait "je vais faire ceci, cela...", il était assez dirigiste avec Girault qui était un très bon réalisateur et qui avait compris qu'il fallait laisser Louis participer. En fait, Louis était directif mais c'était entendu comme ça.
- Quels souvenirs gardez vous de vos discussions avec Louis ? - C'était quelqu'un qui ne se livrait pas beaucoup. Il plaisantait sur le plateau mais ne se racontait pas, il était assez pudique ! Les discussions tournaient plus autour du film que l'on produisait.
- Quelles fûrent les critiques à la sortie du film ? - Elles furent moyennes même si le film a rencontré un gros succès. Les critiques de ce film ont été les mêmes que la plupart de celles des films de De Funès. Mais pour les enfants, surtout, c'est un film formidable, dont on ne se lasse pas, je trouve d'ailleurs que c'est d'avantage un film pour les enfants. C'est une vraie référence.
Jacques
Villeret, Louis de Funès et Jean Carmet dans "La Soupe
aux choux"
- Qu'en était-il de Jacques Villeret sur le plateau ? - Il était très timide, réservé, souvent dans un coin, à la différence de Carmet qui blaguait toujours ! Mais l'entente a été excellente entre les trois, en fait Carmet et Villeret étaient conscients d'être devant une figure du cinéma, ils étaient très humbles. Ils discutaient souvent ensemble en se donnant des "petits trucs" entre eux. Il y avait un grand respect entre eux, comme Louis qui effectivement respectait beaucoup Jacques Villeret.
- Nous retrouvons dans le film des acteurs proches de Louis de Funès tels que Max Montavon, Marco Perrin ou encore Claude Gensac, avez-vous ressenti son besoin d'être entouré par ses proches ? - C'était sa tribu mais pas seulement les acteurs, il y avait aussi les techniciens qui lui étaient très proches tels que le directeur de la photographie Edmond Richard à qui Louis disait toujours "Mon petit Edmond, surtout n'oubliez pas mes yeux bleus !" Les gens autour de lui étaient désignés par de Funès en personne. Je me souviens que pour la préparation du film nous avons fait des repérages dans l'Allier, nous somme partis en avion, conduit par son fils Olivier et nous nous sommes posés à Vichy.
- Savez vous qu'il existe toujours des restes des "Gourdiflots" ? - C'est vrai ? Je ne le savais pas ! C'est moi qui avait choisi cet endroit car j'avais un ami dans ce coin qui avait un centre équestre et l'endroit convenait bien pour tourner.
- Aviez vous eu par la suite d'autres projets avec Louis ? - Non je dépendais d'un producteur et à cette époque j'étais intermittent. De plus je ne faisais par partie de l'entourage proche de De Funès mais je garde un souvenir magnifique de ce film et de Louis de Funès en particulier.
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