René VERNADET
Spécialiste des prises de vue aériennes et techniquement difficiles, l'opérateur René Vernadet a été contacté pour filmer plusieurs plans du film "Sur un arbre perché", en extérieurs, près de Cassis et ses célèbres falaises. Grand connaisseur de la montagne, il a réuni ses passions de l'escalade, de l'alpinisme et du cinéma à plusieurs reprises, réalisant une série de courts et longs-métrages sur les grands massifs. Il se rend fréquemment au Tibet depuis plus d'un demi-siècle et a rédigé trois ouvrages sur ce sujet. Nous remercions chaleureusement ce grand professionnel qui a volontiers accepté de livrer ses souvenirs sur ce tournage.
Interview de M. René VERNADET du 6 juillet 2016 par Franck et Jérôme
- Monsieur Vernadet, comment avez-vous été engagé sur ce film pour les prises de vue à Cassis ? - J'étais spécialiste de la montagne et des tournages dans des endroits spécifiques. A cette époque, on m'avait déjà confié des tournages sur des plate-formes pétrolières, sur le viaduc de Garabit [« Un homme de trop » de Costa-Gavras], sur la Tour Eiffel [« Le Ruffian » de José Giovanni]. Là, j'ai été engagé pour tourner sur les falaises qui se situent au-delà de Cassis. Nous y avons tourné assez longtemps, pendant peut-être cinq semaines.
- C'est un tournage techniquement difficile ? - Non, nous tournions avec deux équipes, l'une aux studios avec de Funès, et l'autre à Cassis sur la falaise. Le réalisateur Serge Korber nous expliquait ce qu'il voulait pour les prises de vue. Nous avions un découpage précis car nous tournions avec des doublures et il fallait être accord avec les plans tournés en décors à Paris.
- Pouvez-vous nous parler de cet arbre, qui est l'un des accessoires principaux du film ? - C'était une poutrelle d'acier boulonnée dans la paroi, recouverte de plastique pour donner l'impression d'un vrai arbre. Je m'étais occupé de la mise en place de cet arbre factice installé par la société des Grands Travaux de Marseille. Dessus, nous avons posé une voiture allégée afin de réduire les contraintes liées au poids. Mon travail ne se limitait donc pas à la prise de vues.
- Vous vous occupiez aussi de la lumière en qualité de chef opérateur ? - Non, j'étais indépendant par rapport au reste de l'équipe [nldr : le chef opérateur était Edmond Séchan et l'opérateur Daniel Vogel].
- Quels souvenirs conservez-vous de Louis de Funès ? - Je l'ai peu vu mais je me souviens qu'il n'était pas sportif du tout. Quand il devait courir trente mètres, c'était sa doublure qui prenait sa place (rires).
Louis de Funès et Serge Korber, en Italie, sur le tournage de L'Homme Orchestre.
- Est-il exact que les cascadeurs estimaient que s'installer dans cette voiture était trop risqué ? - Oui, au départ car ils n'étaient pas habitués à ce genre de travaux. En réalité, il ne s'agissait pas pour eux de cascades proprement dites mais de figurations, comme doublures, dans un endroit exposé au vertige.
- Vous avez aussi tourné les plans de l'accident de voiture avec Rémy Julienne ? - Oui j'ai tourné ça et c'était très impressionnant. La voiture devait percuter une rambarde en béton – qui était en réalité un accessoire en plastique – avant de s'immobiliser pile devant la paroi. Rémy Julienne, au volant, devait être très adroit pour aller à toute allure sur ce bord de paroi sans tomber de la falaise. Et la voiture devait s'arrêter d'une façon précise afin d'être raccord avec le plan suivant, montrant la voiture jetée dans le vide.
- Vous n'avez pas de difficultés particulières ? - Je me rappelle qu'une des voitures utilisées dans le film a brûlé. Le metteur en scène Serge Korber, au lieu d'être catastrophé, s'en est beaucoup amusé (rires). C'était un film sympathique qui s'est tourné dans une bonne ambiance.
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