Jean-Charles TACCHELLA

 

azerty Scénariste et réalisateur au cinéma, Jean-Charles Tacchella a débuté sa carrière comme journaliste avant de se lancer dans l'écriture. Dans les années 1950, il signe plusieurs scénarii que les cinéastes Yves Ciampi, Christian-Jacque ou encore Michel Boisrond mettent en scène. Les années 1960 marquent sa collaboration avec Gérard Oury, avec lequel il écrit les histoires de plusieurs films, notamment Le Crime ne paie pas (1961) et surtout l'ébauche de La Grande vadrouille (1966).

azerty En 1975, son plus grand succès commercial, Cousin, cousine, sort sur les écrans. Pour la petite histoire, ce long-métrage que Jean-Charles Tacchella réalise lui-même est le dernier film produit par Bertrand Javal... qui a investi ses capitaux restants après avoir subi un sérieux revers. En effet, quelques mois plus tôt, le tournage avorté du Crocodile qu'il préparait avec Gérard Oury et Louis de Funès le conduit inexorablement à sa perte. En dépit de la réussite de succès de Cousin, cousine (1,1 million d'entrées), la société de production disparaitra peu après.

azerty Nous remercions chaleureusement cet homme charmant, véritable passionné de cinéma qui a cotoyé René Clément, Jean Cocteau, Eric von Stroheim ou encore André Bazin, l'illustre fondateur des Cahiers du cinéma. Dans ce témoignage, il s'est gentiment confié à propos des deux longs-métrages qu'il a entrepris avec Gérard Oury.

 

Témoignage de M. Jean-Charles TACCHELLA du 1er août 2016 pour Franck et Jérôme

 

Le Crime ne paie pas

azerty J'ai rencontré le comédien Gérard Oury en 1955 sur le tournage du film Les Héros sont fatigués que j'avais écrit et qu'Yves Ciampi réalisait. Gérard est devenu un grand ami, nous sommes toujours restés proches jusqu'à sa disparition. Dans les années 1960, nous avons écrit huit ou neuf scénarios, dont Le Crime ne paie pas. Tous les deux avons écrit les sketchs inspirés de la bande dessinée du même nom. Sa fille Danièle Thompson venait voir où nous en étions dans l'écriture lorsqu'elle rentrait du lycée et apportait déjà ses idées. Mais le producteur du film a exigé que l'adaptation et les dialogues soient soignés par des auteurs plus renommés. Ainsi, nous avons livré les sketches de base, tandis que les adaptateurs et dialoguistes ont fini le travail.

azerty Dans le sketch L'Homme de l'Avenue, un commandant anglais recherchait une femme et venait enquêter dans un bar. Gérard et moi avons écrit le rôle du barman pour Louis de Funès. Ce dernier essayait de se faire comprendre en anglais, se montrant très obséquieux avec le militaire. Progressivement, Funès intégrait des mots allemands dans ses phrases de franglais. Le spectateur comprenait alors que le barman était un affreux collabo pendant la Guerre. Funès était très drôle dans ce rôle, tout le monde sur le plateau était plié en deux en le voyant jouer. Ce fut la première scène comique que tourna Gérard Oury dans sa carrière. D'ailleurs, Louis lui a dit au cours du tournage: « tu es fait pour tourner des films comiques. Fais un film drôle ! » Gérard adorait les couples au cinéma, tels Laurel et Hardy, et de là serait née son idée de former un duo pour monter un film comique.

azerty De Funès travaillait énormément, préparant beaucoup sa scène avant de la tourner. A l'écran, il était si remarquable qu'il donnait l'impression d'improviser alors que tout avait été soigneusement étudié. Il lui est arrivé de broder légèrement sur le texte mais, s'il improvisait, c'était surtout dans son jeu, ses mimiques, sa façon de dire ses phrases et, lorsqu'il tentait quelque chose, c'était toujours très bon.

azerty Les critiques du film ont été assez bonnes dans l'ensemble et Le Crime ne paie pas a rencontré un beau succès à sa sortie. Si se succès n'est évidemment pas équivalent à celui du Corniaud, ce film a été la première réussite commerciale pour Gérard Oury.

 

Louis de Funès, Danielle Darrieux et Richard Todd dans Le Crime ne paie pas de Gérard Oury.

 

 

 

La Grande vadrouille

azerty Lors de notre collaboration, Gérard Oury et moi avons écrit huit ou neuf scénarios dont l'un nous avait été commandé par un producteur qui souhaitait attribuer un double rôle à la comédienne Zizi Jeanmaire. Notre scénario s'intitulait Lulu et les bonnes sœurs. Il racontait l'histoire d'un avion anglais bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses aviateurs, traqués par les Allemands, étaient finalement emmenés en Zone Libre par des sœurs jumelles. L'une, très légère, les conduisait dans des bordels tandis que l'autre, beaucoup plus religieuse, les amenait dans des couvents. Zizi Jeanmaire devait interpréter les deux héroïnes.

azerty Ce film ne s'est pas monté mais, cinq ou six ans plus tard, après le grand succès qu'il a rencontré avec Le Corniaud, Gérard Oury m'a contacté : « On reprend le scénario mais les deux femmes deviennent deux hommes joués par Bourvil et de Funès. Qu'en penses-tu ? » Je lui ai répondu que je trouvais cette idée formidable mais, à cette époque, je me battais depuis des années pour devenir metteur en scène de mes propres films. J'étais entre-temps passé à la mise en scène, laissant Gérard travailler avec d'autres auteurs. Ce scénario des bonnes sœurs a été considérablement modifié pour devenir La Grande vadrouille. Il ne restait pratiquement plus rien du premier scénario, si ce n'est l'idée originale, si bien que j'aurais trouvé malhonnête d'être associé comme scénariste au générique.

 

Haut de page / Retour au sommaire des entretiens / Retour au sommaire principal