Frédéric SANTAYA

 

AAA Chanteur et comédien espagnol, Frederico Santaya a interprété son répertoire pendant trente ans au Lapin Agile, à Montmartre, et apparaît dans une trentaine de films en France. Aux côtés de Lino Ventura et Bourvil, il joua dans " Les Grandes Gueules " de Robert Enrico (1965). Il y interprète un bûcheron en liberté conditionnelle, notamment en compagnie de son grand ami Paul Crauchet, qu'il retrouva dans " Où est passé Tom ? " de José Giovanni (1971). Il joua encore avec Lino Ventura en 1970 dans " Dernier domicile connu ", toujours sous la direction de José Giovanni, puis en 1971 dans " Boulevard du Rhum " de Robert Enrico. Il fut également Moers, un personnage récurrent dans " Les Enquêtes du Commissaire Maigret " avec Jean Richard. Enfin, aux côtés de Robert Dalban, Venantino Venantini et Albert Dagnant, il joua l'un des conspirateurs souhaitant enlever le président Novalès dans " Le Grand restaurant " de Jacques Besnard, en 1966. Dans cette interview, il rappelle ses souvenirs de tournage, notamment ceux partagés avec Louis de Funès et Lino Ventura. Un grand merci à cet homme très charmant qui a accepté de répondre à nos questions.

 

Interview de M. Frederico Santaya du 5 septembre 2009 par Franck et Jérôme

 

 

- Pour commencer, pouvez vous nous expliquer votre formation et nous dire comment vous en êtes arrivé au cinéma ?

- Je suis né à Irun, au Pays basque, où j'ai été élevé chez les frères de Saint-Jean Baptiste. Dans ce lycée, j'ai notamment suivi des cours de chant. J'ai également tourné dans un film réalisé par un metteur en scène originaire de ma ville avant de monter à Paris. En France, j'ai sympathisé avec plusieurs personnes, notamment des Basques. Ce sont ces connaissances qui m'ont parfois donné des rôles. Au début de ma carrière, j'ai tourné pour la télévision sous la direction de Jean Renoir (" Le petit théâtre de Jean Renoir ") et au cinéma dans des films réalisés par Robert Enrico.

 

- Evoquer Robert Enrico renvoie aux trois films que vous avez tournés avec Lino Ventura.

- J'ai tourné avec Lino dans "Les Grandes Gueules", "Dernier domicile connu" et "Boulevard du Rhum". Concernant Lino, je me souviens d'un grand monsieur du cinéma, mais aussi d'un homme charmant. Je me rappelle une soirée passée dans un restaurant où nous dînions, dans les Vosges, pendant le tournage des "Grandes Gueules". La soirée avançait et nous blaguions tous, comme cela se faisait après une journée de tournage. Lino a alors imité un paysan italien avec un fort accent. Son jeu était incroyable, très différent aux rôles qu'il avait l'habitude de jouer.

 

- Et vos souvenirs concernant Bourvil qui partageait l'affiche des "Grandes Gueules" avec Ventura ?

- Bien que très gentil, Bourvil était plus réservé, c'était peut-être dans sa nature. Au début du tournage, il restait à part. Mais Ventura nous avait prévenus : "vous allez voir, il va venir vers nous avec le temps". Et effectivement, Bourvil a progressivement fréquenté notre petit groupe de comédiens.

 

- Parlons à présent du "Grand Restaurant" avec Louis de Funès. Connaissiez-vous l'acteur avant de tourner dans ce film ?

- Je ne l'avais jamais vu et ne le connaissais pas personnellement. Certaines personnes m'avaient prévenu en me disant : "tu verras, il est difficile à vivre". En le fréquentant, j'ai compris que c'était faux. J'ai tourné assez longtemps dans ce film, que ce soit en région parisienne ou à Val d'Isère. Un jour, de Funès me demanda si je parlais l'espagnol. Je lui répondis oui et il reprit : "cela vous dérangerait si, tous les deux, nous ne parlions qu'en espagnol ?". Cela ne me posait aucun problème et, pendant tout le tournage, nous n'avons parlé qu'en espagnol !

 

Frédéric Santaya, Paul Préboist et Louis de Funès dans "Le Grand restaurant"

 

- Dans une interview à propos de "La Folie des Grandeurs", Louis de Funès affirmait qu'il ne parlait pas l'espagnol. Son niveau était-il donc meilleur qu'il ne le prétendait ?

- Son niveau n'était pas égal à son français mais il le parlait très bien quand même. Vous savez, il existe en Navarre un petit village qui s'appelle Funes, d'où sa famille était peut-être originaire. Quoi qu'il en soit, j'ai surtout remarqué qu'il était content de pouvoir parler cette langue pendant le tournage car il avait en face de lui quelqu'un qui l'écoutait et qui ne se souciait pas des fautes qu'il pouvait parfois commettre.

 

- Quels autres souvenirs avez-vous de ce tournage ?

- De Funès était exigeant et faisait son métier. Je dirais même qu'il faisait "son" film. Lorsque nous tournions, il dirigeait car il savait parfaitement ce qu'il faisait et où il voulait en venir. Le matin, le réalisateur Jacques Besnard préparait le tournage sur le plateau et, lorsque de Funès arrivait, la première question du comédien était "comment travaillons-nous aujourd'hui ? ". Lorsque le réalisateur avait terminé ses explications, de Funès ne les trouvait pas toujours satisfaisantes. Alors, il demandait à ce que les plans soient tournés différemment et il improvisait. Je me souviens d'un tournage amical, notamment avec Venantino Venantini qui était un grand rigolo. A vrai dire, il n'y a que Bernard Blier que je n'ai pas beaucoup apprécié.

 

- L'avez-vous revu après ce film ?

- Oui, je l'ai revu quelques années après, lorsqu'il préparait " Les Aventures de Rabbi Jacob ". Il m'avait dit qu'il me prendrait pour tourner une scène en extérieur à Saint-Denis, dans un quartier où j'avais habité quelques années plus tôt. Mais le temps a passé et ça ne s'est pas fait.

 

- Et pour finir sur votre carrière d'acteur, rappelons que vous avez joué Moers, un personnage récurrent dans " Les Enquêtes du Commissaire Maigret ". Quels souvenirs avez-vous de ces tournages et de Jean Richard ?

- J'ai dû tourner dans cinq ou six épisodes et je n'aurais que des bonnes choses à dire sur Jean Richard. C'était un homme avec un caractère facile, bien que très exigeant dans son travail. Mais, vous savez, les rapports entre les comédiens sont toujours bons si personne ne prend la grosse tête. Certains l'ont certainement prise, mais ils sont peu nombreux.

 

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Frédéric Santaya dans des épisodes des "Enquêtes du Commissaire Maigret"

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Page créée le 22 décembre 2009, modifiée le 19 janvier 2017.

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