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Maurice RISCH

 

aaazertyMaurice Risch n'est plus à présenter pour les cinéphiles. Souvent confondu avec Jacques Villeret au début de sa carrière, son visage rond a indui en erreur plus d'un spectacteur. Maurice Risch a travaillé avec Louis de Funès à plusieurs reprises - "Le Grand restaurant" de Jacques Besnard, sorti en 1967 et immédiatement suivi par "Les Grandes vacances" de Jean Girault. Il est également l'Imbécile de Daubrez dans "La Zizanie" de Claude Zidi. Maurice Risch rejoint Cruchot à l'été 1978 pour la réalisation du "Gendarme et les extra-terrestres" puis pour "Le Gendarme et les gendarmettes", le dernier film de Louis de Funès.

aaazertyAu cinéma, on retrouve également l'acteur dans des films tels "Signé Furax", "Les Fourberies de Scapin" ou en inspecteur dans "Justice de flic". Il compte aussi à sa filmographie des oeuvres dont il est le personnage principal dont l'honorable "Gros Dégueulasse", mais aussi des "nanars" comme "Mon curé chez les Thaïlandaises". Il participe à d'autres projets plus ambitieux tels "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" de Jean Yanne, "Salut l'artiste" de Yves Robert", "Le Coup du parapluie" de Gérard Oury ou encore "Le dernier métro" de François Truffaut.

aaazertyC'est au théatre que sa carrière est la plus dense et régulière. Il a joué des Classiques, dont "Le Médecin Malgré lui" et "Les Précieuses ridicules" de Molière, mais aussi Feydeau, Achard, Anouilh, de Obaldia et Camoletti. En 2003, il était sur les planches du Palais-Royal avec "Quel cinéma !" aux côtés de Patrick Préjean, puis dans "Ma Femme s'appelle Maurice" avec Georges Beller. C'est sans conteste dans le théatre de boulevard qu'il a forgé sa popularité. En 2012, il fait une tournée dans toute la France dans "Ca reste en famille" de Bernard Granger, que le comédien met lui-même en scène. Nous remercions cet acteur sympathique qui nous a accordé de son temps...

 

Interview de Maurice Risch par André Halimi à propos du théâtre de boulevard

 

 

Interview de M. Maurice Risch du 31 août 2007 par Franck et Jérôme

 

- M. Risch, pouvez vous nous dire à quand remonte votre première rencontre avec Louis de Funès ? Etait-ce pour "Le Grand Restaurant" ?

- Oui tout à fait, c'était pour "Le Grand Restaurant". Il m'avait remarqué dans une pièce de théâtre que je jouais avec Pierre Mondy, Zizi Jeanmaire et Jean Le Poulain qui s'appelait "La dame de chez Maxim's". Il m'avait trouvé bon alors il m'a proposé de tourner avec lui.

 

- Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage ?

- Le souvenir de répétitions formidables notamment celle du ballet qui était réglé par Colette Brosset. C'était un film formidable, mon premier et Louis était une personne très bien, il était formidable !

 

- Comment se sont déroulées vos relations avec lui au cours des différents tournages ?

- J'aurais pu faire plus de films avec lui mais Louis était un type rigoureux et juste qui voulait que ce soit réparti équitablement. Ce qui fait que certains rôles que j'aurais pu jouer ont été interprêtés par d'autres acteurs qui se sont d'ailleurs très bien débrouillés. Louis était un homme d'une grande qualité et qui avait beaucoup de responsabilités sur un plateau. Il avait toujours cette idée de faire des films sans démagogie, destiné à faire rire avant tout les enfants. Il disait d'ailleurs "Si on fait rire les enfants, c'est gagné, on fera rire tout le monde". Il avait beaucoup de classe.

 

Maurice Risch, Michel Modo, Paul Faivre, Jean Droze, Guy Grosso et Louis de Funès dans "Le Grand restaurant" de Jacques Besnard (1966)

 

- Vous le retrouvez par la suite dans "Les Grandes Vacances", est-ce Louis qui vous impose pour ce film ?

- Non je ne pense pas, c'était un film de Jean Girault et Jacques Vilfrid. J'avais joué dans leur pièce de théâtre "L'amour, toujours l'amour" et ils m'ont donc engagé. J'ai d'ailleurs un rôle beaucoup plus conséquent dans ce film, qui était en fait mon premier grand film !

 

- Louis était-il à l'aise avec une plus jeune génération d'acteurs comme François Leccia et Martine Kelly ?

- Oui bien sûr il était ravi d'être à nos côtés, toujours très à l'aise. Nous étions de vieux copains notamment avec François et l'ambiance était donc merveilleuse sur le plateau.

 

- Comment se sont déroulées les relations entre Jean Girault et Louis de Funès ?

- Cela se passait très bien même si c'est Louis qui contrôlait tout et c'était là l'intellignece de Girault. Il avait compris que Louis apportait beaucoup au film grâce à ses trouvailles et il lui laissait donc faire ce qu'il voulait. Louis inventait sans cesse sur le plateau.

 

- Vous retrouvez Louis dans "La Zizanie", lorsqu'il revient de maladie, comment cela se passe t-il ?

- Sur le plateau, il y avait en permanence un bloc de réanimation. De plus le décor d'usine avec le brouillard, les ateliers, la pluie parfois, contribuait à donner une ambiance assez spéciale. Il ne faut pas non plus oublier que les horaires étaient aménagés pour Louis, l'après-midi il faisait toujours la sieste par exemple.

 

- Nous avons parlé des relations entre Louis et Jean Girault, qu'en était-il avec Claude Zidi ?

- Tout se passait bien aussi entre eux sur "La Zizanie". Jacques Santi avait beaucoup apporté pour ce film, il a fait un gros travail en compagnie de Claude Zidi.

 

 

- Nous arrivons au "Gendarmes et les Extra-terrestres", que pouvez-vous nous dire à propos de ce film ?

- J'en garde un merveilleux souvenir, tout était formidable. Tout le monde était en grande forme, on s'est éclaté pendant quatre mois à Saint Tropez. C'est d'ailleurs là-bas que j'ai appris la planche à voile (rires). L'ambiance était extraordianaire, on sentait que l'histoire prenait, que ça marchait bien ! Ce qui fût très différent sur le tournage du "Gendarme et les Gendarmettes" où Girault était très malade et Louis proche d'une nouvelle attaque, même si l'ambiance était là aussi néanmoins très bonne.

 

- Louis était-il accessible sur le plateau ?

- Ah oui tout a fait, en tout cas toujours en ce qui concerne les comédiens puisqu'on s'apportait des choses entre nous. Par exemple, Grosso et Modo proposaient toujours des gags, des inovations, et Louis écoutait toujours avec sérieux. Contrairement à tout ce qu'on a pu dire sur lui, Louis n'a jamais tiré la couverture à lui, c'était un formidable partenaire, toujours ouvert, il n'y avait jamais de problèmes avec lui. Il nous aidait et nous soutenait.

 

- Votre intégration au sein de l'équipe des Gendarmes s'est elle faite aisément ?

- Oui, nous nous connaissaissions tous, nous étions potes de longues dates, avec les mêmes idées. En fait on s'apportait tous beaucoup !

 

- Vous avez souvent été son souffre douleur, pas trop dur de supporter ses coups et ses giffles ?

- Non, il le faisait comme un vrai comédien professionnel. C'était avant tout un Monsieur très délicat, un seigneur, il faisait son métier à merveille. Lorsqu'il me frappe, on croit qu'il y va franco mais pas tellement en fait !

 

- Louis avait besoin d'être entouré de ses comédiens fétiches, non ?

- Vous savez, tout reposait sur lui, il avait de grosses responsabilités. C'était une vedette mais une vedette qui partageait beaucoup avec ses collègues. Etre entouré de sa famille de cinéma le sécurisait beaucoup, il savait qu'il pouvait compter sur nous comme nous sur lui ! Lorsqu'une bonne équipe est recrutée pour un film c'est déjà 90% du travail qui est fait !

 

- Vous aviez d'autres projets avec lui ?

- Je ne sais pas, en fait c'était toujours par surprise que j'étais engagé sans que je m'y attende.

 

- Est-ce difficile de donner la réplique à Louis ?

- Il n'y a pas de difficultés. C'est comme au théâtre, on est pris par notre rôle et on y va sans trembler. J'ai fait un film avec Jerry Lewis qui était pour moi une star quand j'étais gosse, j'étais impressionné.

 

Photo d'exploitation du "Gendarme et les extra-terrestres" (1978)

 

- Pour terminer, avez-vous une anecdote particulière ?

- Lors du tournage des "Grandes Vacances", il y avait un plan où Louis de Funès me découvrait dans le lit en s'écriant "Michonnet, quand il était petit, il était déja aussi gros !" Première prise, on se marre. Car Louis rigolait beaucoup sur le tournage, soit dit-en passant. On a refait 12 fois cette scène dans la journée sans parvenir à la boucler. Le lendemain, après une vingtaine de tentatives, nous n'avions toujours pas réussi à garder notre sérieux. A ce moment-là, Louis me dit : "On rigole, on rigole, mais, dans un moment, vous allez voir les producteurs qui vont arriver et voir comment on utilise leur argent." Effectivement, peu après, les producteurs sont entrés, se sont assis, et nous ont regardé, impuissants (rires) !

 

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