Olivier LE JEUNE
Cet homme de théâtre n'a que quelques films à son actif, mais sa première expérience devant les caméras reste pour lui un beau souvenir de carrière. En 1973, le comédien et humoriste Olivier Lejeune, encore élève au conservatoire, a la chance de travailler sur « Les Aventures de Rabbi Jacob », le temps d'une scène dont on lui parle encore aujourd'hui. Connu pour ses exercices stimulant la mémoire – il vient de publier « Mémoire d'éléphant » chez Hachette – le grand public se rappelle de lui pour ses prestations dans les émissions télévisées de Philippe Bouvard (« Les Grosses têtes ») et de Fabrice (« La Classe »). Son actualité est chargée : son one-man-show « Mieux vaut en rire » est toujours à l'affiche à Paris (au Don Camilo) et en tournée. Parallèlement, tandis que sa nouvelle pièce « Le bouffon du président », qu'il met en scène est jouée depuis la rentrée, il reprend la pièce de Robert Lamoureux « Le Charlatan ». Merci à lui d'avoir pris quelques instants pour parler de Louis de Funès.
Interview de M. Olivier LEJEUNE du 17 mai 2014 par Franck et Jérôme
- M. Lejeune, au tout début de votre carrière, vous apparaissez dans « Les Aventures de Rabbi Jacob », comment avez-vous été engagé ? - J'étais élève au conservatoire, où la grande directrice de casting de l'époque Margot Capelier est venue faire son marché. Pour la petite histoire, qui est assez amusante, je jouais le témoin de mariage de Xavier Gélin que je connaissais un peu pour l'avoir déjà rencontré. Ma compagne de l'époque se prénommait Evelyne. Quelques années plus tard, j'ai vraiment été le témoin de mariage de Xavier... qui épousait mon ancienne compagne Evelyne !
- Pour votre premier film, vous vous retrouvez sur une « grosse machine » avec un très grand budget. - Oui c'était pour moi à la fois formidable et incroyable de débuter ainsi ma carrière. J'étais payé 500 francs par jour, c'était beaucoup d'argent pour un élève du conservatoire. Et j'ai passé quinze jours aux Invalides, à bronzer assis sur les marches, et à un moment on est vite venu nous chercher en nous disant « c'est maintenant, c'est la scène, c'est la scène !». Pendant tous ces jours, j'ai eu la chance de voir de près travailler Louis de Funès, pour lequel j'avais une admiration sans borne.
- Il parait que vous auriez pu travailler avec Louis de Funès avec un rôle plus important... - Oui, plus tard j'ai rencontré Jean Girault qui préparait « La Soupe aux choux » avec le producteur Fechner. Je connaissais très bien Fechner qui m'avait fait travailler à l'Alcazar et qui, comme moi, adorait la magie. Le film était une adaptation du livre de René Fallet, et dans le livre, le personnage de l'extraterrestre est une sorte de grande asperge. [Il pose ses mains sur ses hanches et son ventre] A cette époque j'étais mince, beaucoup plus famélique ! Jacques Villeret – qui venait aussi du conservatoire – et moi avons chacun fait une scène, avec les bruits de dindon. Ensuite, j'ai eu la chance d'avoir un rendez-vous informel avec Louis de Funès qui voulait voir de près les deux prétendants à ce rôle. Et pendant une semaine, j'avais chaque soir un compte rendu de Fechner ou de Girault. Un soir, on me disait « c'est toi qui tient la corde », le lendemain « ce sera peut-être Villeret ». Pour moi, ce fut une semaine d'exaltation qui s'est terminée en déception.
- Oui Jacques Villeret a finalement été retenu, c'est une belle opportunité qui s'envole pour un jeune comédien. - Oui c'est dommage pour mon début de carrière car c'est le genre de rôle, au côté de Louis de Funès, qui vous fait basculer dans une grosse notoriété. Je me rappelle que j'étais allé voir de Funès au théâtre du Palais Royal quand il jouait « Oscar ». Il était une telle star que, avant même qu'il n'entre en scène, on l'entendait faire des grognements derrière le rideau et les gens étaient déjà pliés sur leurs fauteuils alors qu'il n'y avait personne sur scène. Tout ça rien qu'avec trois ou quatre bruits ! Une telle puissance comique m'avait ébahi.
- On vous reparle encore souvent de votre rôle dans « Les Aventures de Rabbi Jacob » ? - Oui, à chaque fois que le film est rediffusé, il y a toujours quelqu'un qui me demande « ce n'est pas toi à la fin du film ? ». Je n'avais qu'une seule phrase à dire dans ma scène – « tu es sûr que c'était pas à Notre Dame ? » – et je ne risque pas de l'oublier ! (rires) C'est un souvenir de tournage que j'aime bien raconter, j'en parle avec plaisir, ma filmographie étant tellement importante ! (rires)
Olivier Le Jeune, Jérôme et Franck (mai 2014)
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