Jean-Pierre DESAGNAT

 

aaaaaa Discuter cinéma avec Jean-Pierre Desagnat provoque non seulement un grand plaisir mais constitue aussi une formidable occasion de revenir sur tout un pan du cinéma français populaire de qualité, dont l'une des figures de proue était André Hunebelle, auprès duquel il a beaucoup travaillé pendant deux décennies. Après avoir débuté comme stagiaire dans des comédies telles « Massacre en dentelles » avec Raymond Rouleau (1952) et « Mannequins de Paris » (1956), il devient assistant du réalisateur sur de célèbres films de capes et d'épées (« Le Capitan » en 1960) et bien évidemment les « Fantomas ». C'est à la fin de ces comédies policières avec Jean Marais et Louis de Funès qu'il devient metteur en scène pour le cinéma.

aaaaaa Un an après « Fantomas contre Scotland Yard », sorti en 1967, il co-réalise une énième aventure du héro Hubert Bonisseur de la Bath avec « Pas de roses pour OSS 117 ». Du moins officiellement car, à ce sujet, Jean-Pierre Desagnat précise : « Pour des raisons de distribution, il a été demandé que la réalisation soit signée Hunebelle mais en réalité, il n'a pas fait ce film, c'est moi qui l'ai réalisé. Ce fut d'ailleurs mon premier film comme metteur en scène ».

aaaaaa L'année suivante, il réalise « Les Etrangers » avec Michel Constantin, sur un scénario qu'il signe avec Pascal Jardin, d'après un roman d'André Lay. De son propre aveu, il a « bien aimé faire ce film qui constitue un très bon souvenir de tournage ». A cette occasion, le compositeur François de Roubaix lui fournit la bande originale du film. Les deux hommes resteront très amis, jusqu'à la disparition prématurée du génial compositeur.

aaaaaa En 1980, après avoir beaucoup œuvré à la télévision en réalisant notamment des épisodes de la série Arsène Lupin, avec Georges Descrières dans le rôle titre, il renoue avec la comédie au cinéma en réalisant « Les Charlots contre Dracula ». A propos de ce film, il nous confie « ça s'est bien passé mais je n'ai pas fait tout ce que j'aurais voulu faire ». Décelant un soupçon de regret, nous lui demandons s'il est satisfait de sa carrière. Jean-Pierre Desagnat n'est pas catégorique. « Je ne sais pas... Vous savez, quand on est réalisateur, on n'est pas toujours satisfait du film qu'on vient de réaliser. Et puis j'avais pas mal de projets qui n'ont jamais abouti. Après « Les Etrangers », j'ai fait « Vertiges pour un tueur » qui n'a pas marché. Certes j'ai de bons souvenirs de tournage, mais des satisfactions ? Je n'en suis pas sûr. » Malgré tout, chez les Desagnat, le cinéma est une affaire de famille car ses trois enfants ont depuis repris le flambeau. « Ce n'était pas prévu mais ils sont tombés dans le milieu. Le premier, Olivier, voulait être photographe, il fait aujourd'hui des films dans la région de Bordeaux. Le second François ambitionnait de devenir avocat, il est désormais producteur et metteur en scène. Enfin le plus jeune, Vincent, est comédien alors qu'il voulait être architecte.»

aaaaaa Pour échanger à propos de Louis de Funès, Jean Marais ou encore André Hunebelle, nous repartons cinquante ans en arrière, en compagnie de Jean-Pierre Desagnat, à une époque où il était premier assistant réalisateur sur la trilogie des « Fantomas ». Un très grand merci à lui pour avoir répondu à nos nombreuses questions...

 

Jean Marais dans "Fantomas contre Scotland Yard", tournage 1966
(cliché Roger Corbeau, collection Musée Gaumont)

 

 

Interview de M. Jean-Pierre Desagnat du 13 janvier 2016 par Franck et Jérôme

 

- M. Desagnat, vous avez beaucoup travaillé avec André Hunebelle en étant son assistant...

- Oui j'ai fait plusieurs films avec André Hunebelle dans des aventures policières comme « Mannequins de Paris », et « Massacre en dentelles » où nous avons tourné à Venise. J'ai travaillé aussi sur « Casino de Paris » [ndlr : une comédie musicale avec Gilbert Bécaud] Sur ces premiers films, j'ai fait de petites choses car j'étais stagiaire et, à cette époque, un stage ne couvrait pas tout le tournage d'un film. Un peu plus tard, j'ai vraiment commencé à travailler sur l'ensemble d'un tournage, en tant qu'assistant, sur « Le Capitan » avec Jean Marais.

 

- Comment êtes-vous arrivé au cinéma ?

- Mon père connaissait Pierre Foucaud qui était le scénariste d'André Hunebelle. Foucaud et mon père avaient été journalistes à Paris-Soir avant la guerre de 39-45. Un jour, après la guerre, Pierre Foucaud est venu présenter à 36 Chandelles, l'émission de Jean Nohain, un film qu'il venait de réaliser et qui s'appelait « Mémoire d'un flic » [ndlr : avec Michel Simon, 1956]. J'ai été présenté à Pierre Foucaud qui m'a présenté à André Hunebelle, puis j'ai commencé par faire des stages. Comme je vivais à Megève avec ma mère, j'ai fait de petites choses sur « La Tour blanche », un film avec Glenn Ford qui se passait dans les Alpes (en 1950). Comme j'étais costaud à l'époque, j'ai servi de porteur car il fallait monter le matériel pour tourner dans la montagne.

 

- Que représentait pour vous le cinéma d'Hunebelle ?

- C'était du cinéma de divertissement. Hunebelle avait le sens du rythme et construisait bien ses séquences. C'était un monsieur qui n'avait ni la prétention ni l'envie de passer un message, il faisait des films pour que le public vienne s'amuser, passer un bon moment au cinéma.

 

Jean Marais dans « Fantomas contre Scotland Yard », tournage en 1966, (collection Musée Gaumont).

 

 

- Certains techniciens que nous avons déjà interrogés se rappellent d'un homme charmant mais assez déstabilisant car il changeait régulièrement d'avis sur la direction des comédiens, les places et mouvements de caméras etc... partagez-vous ce souvenir ?

- Hunebelle était un homme assez fantaisiste qui laissait beaucoup travailler ses assistants. Parfois, il pouvait partir pour la journée après avoir confié la réalisation à ses assistants. C'est ce qu'il avait déjà fait à Jacques Garcia, qui a été pendant longtemps son assistant, puis à Jacques Besnard, à Michel Wyn et à moi aussi. En qualité de premier assistant, j'étais responsable du plan de travail mais il m'est donc aussi arrivé de tourner lorsqu'André Hunebelle était absent.

 

- Vous chargiez-vous aussi du découpage [ndlr : la place et le mouvement des caméras] ou était-ce plutôt Hunebelle ?

- Non car Hunebelle ne faisait pas de découpage. Il arrivait le matin sur le plateau avec une idée globale de ce qui allait être fait dans la journée mais son découpage technique, il le faisait sur place le jour-même. Il discutait et répétait avec les comédiens et, seulement après, il faisait les découpages. C'est amusant car j'ai retrouvé cette façon de faire chez le réalisateur américain Vincente Minelli lorsque j'ai été stagiaire sur son film « Le Chevalier des sables ». Cette façon de travailler pouvait être déstabilisante, car Hunebelle pouvait changer d'avis dans la journée, mais c'était aussi mon rôle de trouver des possibilités en fonction des changements et des imprévus. Ça fait partie du métier. D'ailleurs, un assistant doit s'adapter à chaque réalisateur avec lequel il travaille car chacun a ses habitudes, très différentes les unes des autres, que ce soit Hunebelle ou Claude Autant-Lara, que j'ai assisté sur « La Jument verte » ou Henri-Georges Clouzot avec qui j'ai fait « Les Espions ».

 

- Un assistant était-il d'autant plus précieux pour Hunebelle qui n'avait pas eu de formation technique et était arrivé dans le cinéma tardivement, un peu par hasard ?

- Oui, il a d'abord été maître verrier à Paris avant de partir en Algérie où il s'est lancé dans la production de vin. Quand la guerre a été déclarée, il est revenu en France libre où il a monté un journal. Il a engagé un journaliste qui s'appelait Michel Audiard. Un jour, l'idée lui est venue de faire du cinéma, ça lui a pris comme ça car il en avait envie et, sans formation aucune, il s'est lancé. C'est lui qui a d'ailleurs fait débuter Audiard comme dialoguiste au cinéma. Il a monté sa société de production, la PAC [ndlr : Production Artistique et Cinématographique] qui a produit entre autres les « Fantomas ».

 

- Pour les « Fantomas », il s'agissait d'une co-production franco-italienne où la grande maison Gaumont avait investi également. Vous partagiez d'ailleurs votre travail avec un autre assistant qui se nommait Renzo Cerrato, exact ?

- Renzo Cerrato était le secrétaire d'Hunebelle, un « homme à tout faire » qui s'occupait de ses papiers, de ses rendez-vous, de ses déplacements. Il a été placé comme assistant sur ces films car le producteur italien Marcello Danon avait exigé qu'il y ait des techniciens italiens dans l'équipe. Pour en revenir à la production, il est exact que c'était une coproduction entre la PAC d'André Hunebelle et la Gaumont d'Alain Poiré. Paul Cadéac était le directeur de production de Hunebelle, il représentait donc la maison Hunebelle sur les « Fantomas ».

 

- L'auteur Marcel Allain, qui a inventé le personnage de Fantomas dans la littérature populaire au début du XXe siècle, venait-il sur le tournage ?

- Non, il a participé à l'écriture du premier Fantomas, avec les scénaristes Michel Foucaud et Jean Halain [ndlr : le fils d'André Hunebelle] mais il n'a pas été très satisfait des premiers textes livrés par les scénaristes et il a très vite abandonné.

 

Louis de Funès et Jean-Pierre Desagnat sur le tournage de "Fantomas contre Scotland Yard" (cliché Roger Corbeau)

 

- Comment était Louis de Funès sur le plateau, avant le tournage ?

- J'ai rencontré Louis à cette occasion. Il était un inquiet et perfectionniste de nature, qui avait ses habitudes de comédien, acquises dans des rôles qu'il avait tenus en vedette avant de travailler sur «Fantomas ». Il apportait donc sa personnalité et André Hunebelle le laissait faire.

 

- Discutiez-vous avez lui hors tournage ?

- Oui bien sûr, nous avons même travaillé ensemble sur des projets qui n'ont jamais abouti. D'une part, je devais initialement réaliser « L'Homme orchestre » car j'étais très copain avec François de Roubaix mais c'est finalement Serge Korber qui a assuré la mise en scène. D'autre part, deux longs-métrages ont été écrits mais nous ne les avons jamais tournés. Le premier racontait l'histoire d'un amiral à la retraite qui apprenait la mise en vente aux domaines d'un sous-marin. Comme cet amiral avait commandé un sous-marin lorsqu'il était en service, il le rachetait et décidait de s'en servir avec sa famille qui rencontrait alors des aléas. La seconde histoire était celle d'un religieux qui voulait devenir chanteur. C'était à l'époque de Sœur Sourire et ce religieux rêvait d'une carrière de chanteur. Malheureusement, il ne savait pas chanter. Le film aurait donc raconté les déboires d'un homme qui voulait chanter mais n'en avait pas les possibilités. On a écrit ces deux scénarios mais nous ne les avons jamais tournés.

 

- Louis de Funès vous avait donc donné son accord pour ces films ?

- Oh oui il était très enthousiaste. Mais vous savez, c'était un homme qui avait plein d 'idées de scénarios et il m'en a donné deux ou trois autres. Il en trouvait sans arrêt car il lisait beaucoup de journaux où des anecdotes retenaient son attention. Il partait souvent de faits divers lus dans des quotidiens.

 

- Apportait-il des modifications au scénario en fonction d'improvisations ou de trouvailles ?

- Oui, notamment dans le troisième, « Fantomas contre Scotland-Yard » où de Funès a eu plein d'idées pour les scènes de chasse à courre. C'est lui qui a inventé l'histoire du petit chien qu'on déguisait en renard. Il apportait sa contribution, en particulier sur le texte. Il inventait une réplique et son complice Jacques Dynam répliquait alors. Je me rappelle de leurs improvisations textuelles sur une scène que j'ai tournée, lorsque Juve est malade, alité, et que Dynam perd son revolver dans son lit.

 

- Sur cette scène, vous aviez donc carte blanche pour tourner ? Hunebelle n'était pas là ?

- Oui, vous savez, Hunebelle était un monsieur curieux qui, comme je vous le disais, quittait le plateau de façon imprévue. Sur le premier « Fantomas », nous tournions en extérieurs sur une voie ferrée que j'avais trouvée dans la région de Monterau mais qui ne nous était prêtée pour le tournage qu'à des heures précises. Or, lorsque la voie fut disponible pour tourner, Hunebelle avait disparu avec sa voiture et son chauffeur. Il avait disparu depuis longtemps et nous étions tous inquiets. Le producteur Paul Cadéac a dit au réalisateur de la deuxième équipe Jacques Besnard « Bon allez, tu tournes car nous ne pouvons pas attendre André, nous ne savons pas où il est ». Et c'est donc Jacques qui a tourné le plan. Pour ma part, j'ai passé la journée à appeler les hôpitaux, les restaurants pour obtenir des nouvelles ou pour trouver André Hunebelle. Ce n'est que six heures plus tard qu'Hunebelle est revenu. Il nous a dit qu'il avait trouvé une auberge très bonne qui lui avait beaucoup plu où il avait passé l'après-midi à dormir ! C'était le genre de coups qu'il pouvait nous faire, et qu'il nous a faits à plusieurs reprises sur les « Fantomas » ou sur « Le Capitan ».

 

 

Tournage sur la voie ferrée près de Monterau. Au premier plan, André Hunebelle donne ses indications. Sur le wagon, Jean Marais porte une casquette. Près de Jean Marais, accroupi, l'accessoiriste François Suné (collection La Vie du Rail / Musée Gaumont)

 

- C'était aussi votre rôle de trouver des lieux de tournage comme cette voie ferrée que vous évoquez ?

- Oui, sur le premier « Fantomas », le directeur de production d'Hunebelle m'a envoyé pendant plusieurs semaines à la recherche de voies ferrées. J'ai été envoyé aussi dans le midi pour trouver des lieux pouvant accueillir des scènes mais ceux-ci n'ont pas servi de tournage, sauf à la Calanque d'en Vau, à Cassis et pour la dernière scène du sous-marin.

 

- Vous avez également tourné près d'Aubagne, au col de l'Espigoulier...

- [Il se rappelle] Ah oui c'est exact, nous avons tourné sur un plateau désertique avec Jean et Mylène Demongeot. Et puis c'est le cascadeur Gil Delamare qui conduisait la voiture descendant la pente.

 

- Pouvez-vous nous parler de Jean Marais qui se grimait en Fantomas en endossant le masque devenu célèbre ?

- C'est Jean qui avait dessiné ce masque. Evidemment, le maquillage lui demandait du temps mais, par rapport à Fantomas, le masque de « La Belle et la bête » lui avait demandé plus de travail avec son maquilleur. Et justement, pour la scène finale du sous-marin dont nous parlions, le décorateur Paul-Louis Boutié avait construit uniquement le dôme de ce faux sous-marin qui se maintenait avec des flotteurs. Pour le tournage de ces plans, je me suis fait gentiment engueuler par Marais car il portait ce masque de caoutchouc vert, très difficile à porter, qui le fatiguait et sous lequel il transpirait beaucoup. Or, nous l'avons laissé plusieurs heures sur cette carcasse de sous-marin, en plein soleil, et naturellement il n'était pas content. Mais Marais était un bon camarade. Pour tout vous dire, je n'ai jamais rencontré un comédien qui respectait autant les techniciens que les autres comédiens. Il était proche des cascadeurs aussi, d'autant plus qu'il réalisait lui même ses cascades. Dans « Le Capitan », son personnage devait effectuer un plongeon dans la rivière. Le cascadeur qui devait le doubler a refusé de le faire car il estimait qu'il n'y avait pas assez de fond. Marais a dit alors « Puisqu'il ne le fait pas, je le fais » et il a plongé. Dans « Fantomas contre Scotland Yard », lorsqu'il escalade la tour du château, il a été doublé sur certains plans.

 

Fantomas échappe à ses adversaires, tournage en Mer Méditerranée en 1964 (collection Gaumont).

 

 

- Vous qui avez côtoyé Jean Marais et Louis de Funès sur l'ensemble des Fantomas, quel est votre avis sur l'évolution des relations entre ces deux comédiens ?

- Les relations entre Jean et Louis ont été très bonnes sur le premier film. Sur le deuxième, «Fantomas se déchaîne », l'ambiance a commencé à se déliter car Marais estimait que de Funès avait un rôle plus important que le sien. Et sur le dernier, Hunebelle s'est arrangé pour que chacun ait ses séquences, séparées, pour qu'ils ne travaillent pas trop ensemble. Mylène Demongeot a dit beaucoup de mal du couple Marais-Funès, j'en ignore la cause car, pour les avoir vus au travail sur les trois films, je peux vous dire qu'il n'y a jamais eu de conflit ouvert entre eux sur le plateau, si ce n'est une seule remarque que Jean a fait un jour sur le plateau de « Fantomas se déchaîne », alors qu'il estimait qu'André Hunebelle travaillait trop avec Louis et le délaissait. Il a déclaré : « Je suis le figurant le mieux payé de Paris ». C'est la seule fois qu'une anicroche s'est produite et je ne vois aucun autre reproche qu'on peut leur faire. Sur « Fantomas contre Scotland Yard », l'un ne se mêlait plus du travail de l'autre mais on ne peut même pas dire qu'ils n'avaient plus de rapports cordiaux.

 

- La fin ouverte du troisième film, lorsque Fantomas échappe une fois encore à ses adversaires, est-elle une preuve qu'il a été décidé de faire une suite ?

- Je ne peux pas vous dire. Ce genre de discussions concernait surtout les producteurs Paul Cadéac, André Hunebelle, Alain Poiré et Marcello Danon. Je n'en ai pas entendu parler.

 

- Au générique de « Fantomas se déchaîne » figure le nom d'Olivier de Funès...

- Oui, ça se passait bien avec son père. Louis le laissait faire et Olivier avait un certain sens de l'image, qui était très à l'aise sur le plateau.

 

- Les extérieurs ont été tournés dans les calanques de Cassis, à Rome, au Vésuve, en forêt de Fontainebleau avec des bateaux, avions, une fusée, des cascades, des explosifs etc... Ces films étaient-ils techniquement compliqués à tourner ?

- Ils demandaient surtout beaucoup de temps de préparation, avec les cascadeurs notamment. Mais Hunebelle en était conscient et nous accordait ce temps nécessaire aux préparatifs. Ceci dit, sur le premier film, je me rappelle que les plans de la poursuite à moto ont été techniquement très difficiles à tourner. C'est Jacques Besnard qui a réalisé cette scène complexe qui nous a demandé énormément de temps pour les repérages, la préparation et le tournage. D'ailleurs j'ai tourné quelques plans de Jean Marais déguisé en gardien de prison. La séquence du train a également été l'une des plus complexes que nous ayons jamais tournées.

 

 

Tournage de « Fantomas contre Scotland Yard » en 1966, avec Louis de Funès et son complice Jacques Dynam (cliché Roger Corbeau, collection Musée Gaumont).

 

- Aviez-vous besoin de beaucoup de prises ?

- C'était très irrégulier mais il nous est arrivé de monter à dix ou quinze prises. Parfois, Hunebelle exigeait curieusement de faire une prise supplémentaire, notamment sur des scènes de textes. J'ignorais pourquoi il insistait tant car celle que nous venions de tourner était bonne. Et d'ailleurs, il faut rétablir la vérité sur un point : on a souvent dit que Louis n'était bon qu'à la dixième prise tandis que Jean était bon dès la première. C'est faux ! Louis était très bon dès la première prise et c'est Jean qui demandait à ce qu'on recommence. Louis n'aimait pas les deuxièmes prises car il était un homme de tempérament et, après avoir répété la scène, il lâchait tout à la première prise. Aux prises suivantes, il s'épuisait ou il trouvait une nouvelle idée.

 

- Pour terminer, pouvez-vous nous dire si le compositeur Michel Magne venait sur le plateau ?

- Oui, Michel est venu plusieurs fois sur le plateau. C'était un type charmant, je l'ai connu aussi bien sur le tournage des « Fantomas » que dans son château en région parisienne, où il avait monté un studio d'enregistrement et où je suis allé le voir à plusieurs reprises.

 

- Monsieur Desagnat, merci à vous d'avoir répondu à nos questions.

- Merci à vous.

 

Tournage des scènes de la grue à Paris, 15 août 1964 (voir la vidéo des archives INA ci-dessous)
Portant un bob sur la tête, Jean-Pierre Desagnat donne des consignes (0.17-18 mn).

 

 

 

 

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