Michel CHARREL

 

 

aaaaaaaaaaaGentillesse, disponibilité et amabilité sont trois qualificatifs qui résument bien la personnalité de Michel Charrel lors d'une interview. Acteur - hélas - très reconnu à sa juste valeur, il n'en possède pas moins une filmographie plus qu'honnête puisqu'il fut à l'affiche d'environ 80 films au cours de sa carrière, débutée en 1962 dans "Fort-du-Fou" de Léo Joannon (crédité sur Wikipédia dans "Le Gentleman d'Epsom" sorti la même année que ce dernier, il s'agit en fait d'une erreur et n'y a jamais participé). Tournant pour de nombreux réalisateurs de renom tels Chabrol ("Le tigre aime la chair fraîche", "La femme infidèle", "Que la bête meure"), Philippe De Broca ("L'incorrigible"), Michel Audiard ("Une veuve en or", "Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages") ou encore Georges Lautner ("Le Pacha"), Michel Charrel a aussi la chance de côtoyer en parallèle des acteurs prestigieux tels Bourvil et Lino Ventura ("Les Grandes Gueules") et bien évidemment Louis de Funès, et ce à deux reprises. En 1964 tout d'abord, sous la direction d'André Hunebelle pour l'adaptation cinématographique du héros littéraire de Souvestre et Halain Fantômas, puis sur "L'homme orchestre" de Serge Korber, réalisé en 1969, où il campe un agent de police. Il nous livre ici un témoignage original, inédit et très intéressant puisque permettant, comme il l'explique si bien, de découvrir le Louis de Funès concentré, strict et sérieux sur les plateaux puis décontracté et amical en dehors des prises. Merci à lui d'avoir pris le temps de répondre a l'ensemble de nos questions avec patience et professionnalisme.

 

Jean Marais et Michel Charrel (sur la droite du cliché) dans "Fantomas" d'André Hunebelle (1964)

 

 

Interview de M. Michel Charrel du 24 mai 2008 par Franck et Jérôme

 

- M. Charrel vous débutez en 1962 dans "Fort du Fou" de Léon Joannon, comment en êtes vous venu au cinéma ?

- Dîtes donc, vous êtes bien renseigné (rires!) ! C'est exact j'ai commencé dans ce film de Joannon. Je suis devenu acteur en cherchant un travail en tant qu'assistant mise en scène. J'ai beaucoup cherché mais le travail ne venait pas facilement. Ce n'est qu'au bout de quelques mois que Joannon m'a proposé ce rôle. J'ai accepté et tout a commencé. L'année suivante, j'ai tourné "Les plus belles escroqueries du monde" de Polanski.

 

- Pouvez vous nous parler de vos relations avec Louis de Funès ?

- Je ne l'ai vu qu'une seule fois pour le tournage de "L'Homme Orchestre" dans lequel j'ai fait une brève apparition.

 

- Vous tournez aussi dans "Fantomas" en 1964.

- Oui tout à fait, mais je n'ai pas d'apparition à ses côtés. L'anecdote amusante sur ce film c'est que je devais faire une simple silhouette (ndlr : un des hommes de main de Fantômas). Pendant le tournage, j'avais vu où Hunebelle souhaitait placer sa caméra et ce qu'il attendait de la prise, je m'étais donc arranger pour être de dos, puisque ne disposant pas à l'époque de la télévision, je n'aurais de toute manière pas pu voir le film. Au dernier moment, ils ont toutefois réalisé un gros plan où l'on me voyait au premier plan passant ainsi d'une silhouette à un bon rôle de troisième rang. Au final, tout le monde m'a remarqué et mes copains me disaient "On t'as vu dans Fantomas". J'étais le seul à ne pas avoir le vu le résultat de la scène.

 

Michel Charrel dans la première scène de "L'Homme Orchestre" de Serge Korber (1970)

 

- Et concernant le tournage de "L'Homme Orchestre", quels sont vos souvenirs ?

- Nous tournions à Nice et la scène devait se faire en un jour. Toutefois, à la date prévue, il y eut de la pluie et par conséquent nous avons reporté le tournage au lendemain. Je logeais au Negresco et de Funès est arrivé peu après moi, détendu, et - me voyant - s'est approché et m'a dit "Ah vous dormez ici aussi, c'est très bien !". J'ai alors pensé qu'il était quand même très gentil et qu'on lui cassait injustement du sucre sur le dos ! Le lendemain matin, aux alentours de huit heures, je descends prendre mon petit déjeuner et Louis était déjà dans la salle. Je m'en allais le saluer lorsqu'au moment où je m'approchais, me voyant, il a détourné la tête ! C'est cela que je retiens de De Funès, un homme aimable hors tournage puis de nouveau très concentré et distant, déjà dans son rôle, avant de commencer une nouvelle scène.

 

- C'est une anecdote vraiment inédite, merci beaucoup. Enfin, pouvez vous nous parler du film d'Enrico "Les Grandes Gueules" ?

- C'est l'un des films dont on me parle le plus aujourd'hui. Je suis toutefois un peu déçu car il n'a pas eu le succès qu'il méritait, j'aurais bien aimé qu'il marche un peu mieux. Au cours du tournage j'ai eu beaucoup plus de relations avec Bourvil car Ventura, acteur italien, roulait un peu des mécaniques et disposait d'une "cour" qui l'assistait à ses côtés et personnellement je n'ai jamais su faire partie d'une Cour. Cela dit l'ambiance plateau était formidable, c'était un film très agréable à tourner.

 

Jacques Serre, Michel Charrel et Robert Lombard ("Hibernatus", "L'Aile ou la cuisse")
dans un épisode des "Enquêtes du Commissaire Maigret" en 1971

 

Page créée le 9 août 2008, modifiée le 6 mai 2016

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