Collection Centre France, photo Philippe Bigard

 

Frédéric BOURALY

 

Acteur, auteur, scénariste et humoriste français, il est difficile de pouvoir cataloguer Frédéric Bouraly. Si son rôle de José dans la série « Scènes de ménages » l'a consacré auprès du grand public, son visage est pourtant bien présent depuis de nombreuses années dans le paysage du cinéma français. Souvenez vous du docteur de « La Maison du bonheur » soignant Dany Boon, du policier dans « Le Schpountz » de Gérard Oury ou même de son petit rôle dans « Les Brigades du Tigre ». Au théâtre, Frédéric Bouraly est demandé puisqu'on le retrouve dans pas moins dans près d'une vingtaine de pièces depuis les années 80. La télévision lui consacre aussi de beaux rôles, notamment dans des les séries policières « Commissaire Valence », « Les bleus, premier pas dans la police », « RIS, Police Scientifique » ou encore « Alice Nevers le juge est une femme » et plus récemment dans « Scènes de Ménages » aux côtés de Valérie Karsenty où chaque soir ils enchantent petits et grands.

Frédéric Bouraly est un homme débordé mais néanmoins attentif au moindre détail. Explications... Ayant lu qu'il était un immense fan de Louis de Funès, nous prenons le pari de lui écrire sur sa page Facebook officielle afin de recueillir son témoignage, sans trop y croire étant donné son actualité et ses sollicitations... Surprise quelques semaines plus tard...message de Frédéric nous expliquant être très touché par notre geste. Dans le flot des messages de remerciements, ses yeux ont été attirés par la mention « Louis de Funès ». Après s'être penché plus en détails sur notre proposition, une réponse positive nous revient de sa part. Et c'est avec grande surprise que nous découvrons, en plus d'un comédien parfaitement charmant, un homme passionné du comique de Funès ! Très au courant de sa filmographie et de sa technique d'acteur, Frédéric Bouraly nous en a parlé avec passion. Un immense merci à lui pour sa disponibilité et sa générosité. Retrouvez donc en intégralité cette interview inédite que nous vous livrons avec grand plaisir pour ces fêtes de fin d'année.

 

Interview de Frédéric Bouraly du 12 novembre 2013 par Franck et Jérôme

 

- Frédéric, nous venons de célébrer les 40 ans du film « Les Aventures de Rabbi Jacob ». A cette occasion, merci de nous accorder du temps pour nous évoquer votre passion pour Louis de Funès. Pouvez vous nous expliquer comment celle ci est née ?

- Depuis mon enfance, rien de ce que fait Louis de Funès ne m'est étranger...J'ai littéralement grandi avec ses films. Puis le temps passant, mon métier d'acteur avançant, j'ai redécouvert son génie. Plus tard j'ai eu la chance de tourner avec Gérard Oury qui m'a longuement parlé du travail qu'il a fait avec lui...Un grand bonheur !

 

- Est-il un source d'inspiration pour vous ?

- Oui pour son énergie, sa folie, mais pas dans l'imitation.

 

- En tant que professionnel, quelle vision avez vous de son jeu ? Comment pourriez vous le décrire ?

- Un fou sincère...un génie habité par la drôlerie...un angoissé électrique...un acrobate des sentiments...un virtuose du rythme décalé...Un maître de la générosité au service de la méchanceté, de la veulerie, du ridicule, de l'injustice dans le seul but de faire rire ! Son obsession de rendre les gens heureux par le rire le temps d'un film explique son succès et sa popularité.

 

- Vous nous avez parlé des « moqueries » lorsque plus jeune vous évoquiez votre passion pour son jeu, était-il péjoratif de l'aimer à cette époque ? Son comique était-il mal perçu ?

- Oui bien sûr, beaucoup de gens pensaient que son jeu exacerbé par la folie était une facilité, alors que c'est tout le contraire ! Louis de Funès prenait tous les risques, c'était un monstre de la précision et surtout habité par une grand sincérité ! Heureusement le temps passant, son génie et son unicité ont été reconnus !

 

- A l'instar de Louis de Funès, est-ce hélas le propre du comique d'être considéré comme un vulgaire amuseur de son vivant ?

- Non, le public le sait depuis longtemps et les journalistes et les professionnels commencent à s'en rendre compte !

 

- Tout comme Louis de Funès, vous venez du théâtre, partagez vous son avis selon lequel la scène reste la meilleure école car la plus exigeante ?

- Non, la caméra demande autant d'exigence mais elle se situe sur une échelle différente.

 

- Vous avez côtoyé deux personnes qui furent des proches de Louis de Funès. Pouvez vous nous parler d'Annie Girardot et Gérard Oury ?

- Ce sont deux personnes follement amoureuses de leurs métiers, de la vie et des gens qui les ont entourées. De grands artistes et de grandes personnes !

 

- Vous êtes médaille d'or de comédie au Conservatoire, est ce un lieu où les professeurs avaient coutume de faire référence aux films et situations comiques jouées par De Funès ?

- Pas particulièrement. Les bons pédagogues ne font pas référence à ce qui se fait ailleurs mais à ce que fait la personne, l’artiste qui est devant eux. Mais lorsque Louis de Funès était évoqué c'était toujours avec un grand respect.

 

- L'un de ses pièces phare reste « Oscar » de Claude Magnier, que pouvez vous nous dire sur cette pièce ?

C'est LE modèle de la construction au service de la comédie. La narration, les dialogues et la folie maîtrisée de l'ensemble en font un modèle de comédie !

 

- Adapter une telle pièce pourrait-il être un challenge motivant ?

- (rires) Bien sûr, j'en rêve !

 

- Louis de Funès s'apparente à un immense professionnel qui ne se serait jamais pris au sérieux, est ce la marque des grands professionnels ?

- Non heureusement que ce n'est pas aussi simple. S'il suffisait de ne pas être pris au sérieux pour être un génie, il y aurait beaucoup de génie sur scène et à l'écran ! Ce n'est pas le cas...Mais il est certain qu'il faut toujours travailler sérieusement sans se prendre au sérieux ! L'inverse est pathétique !

 

- Comment expliquer aujourd'hui sa popularité toujours intacte ? Finalement, ne serait ce pas parce que son comique et les situations de ses films sont toujours d'actualité ?

- Dans 100 ans il fera encore rire ! Mais je ne crois pas que son comique soit lié à l'actualité. Au contraire il est universel. Il a eu le génie, entre autre, de créer un personnage drôle et pourtant méchant, veule, hypocrite, de mauvaise foi...Ce sont des sentiments qui existeront encore dans 10 000 ans.

 

- Gérard Hernandez a eu le privilège de tourner avec lui dans « La Belle Américaine », en avez vous déjà parlé ensemble ?

- Non parce que je m'amuse et je ris tellement avec Gérard qu'on n'a malheureusement pas eu l'occasion d'évoquer ce tournage...

 

- Pour terminer un petit mot aux nombreux lecteurs d'Autour de Louis de Funès ?

- Je suis très heureux que tant de gens s'intéressent à Louis de Funès pour ce qu'il était et pour ce qu'il est devenu. J'en suis même très ému...  

 

Patrick Préjean, Franck et Frédéric Bouraly en mars 2014 à l'exposition Louis de Funès organisée par le CROUS (cliché F&J).

 

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