LE PETIT BAIGNEUR

Un film de Robert Dhéry, 1967. Adaptation de Robert Dhéry, Pierrre Tchernia, Albert Jugenson, Michel Modo et Claude Clément.

 

aaaaaaaaaaLe Petit Baigneur, c'est l'histoire d'un voilier modeste mais prometteur qui vient de remporter la régate de San Remo et l'Oscar de la voile. Son concepteur et pilote, André Castagnier, toujours accompagné par sa sœur Charlotte, ne sont pas peu fiers d'annoncer la grande nouvelle à leur armateur, le bouillant Louis Philippe Fourchaume. Mais le moment est mal choisi : le tyrannique patron est occupé au lancement d'un nouveau navire, L'Increvable, dont la coque crève misérablement sous le choc de la traditionnelle bouteille de champagne. Sans ménagement, Fourchaume renvoie sur le champ Castagnier à coups de pelle. Par ailleurs, Colettre Brosset rappelait à Brigitte Kernel que Louis de Funès voulait jouer "pour de vrai" et avait exigé de casser un authentique bateau avec sa pelle, refusant d'exercer son jeu sur une maquette en contreplaqué.

aaaaaaaaaaUne fois renvoyé avec pertes et fracas, Castagnier devient vite sollicité par un entreprenant industriel italien qui souhaite vendre des Petit Baigneur à tour de bras. Conscient de son erreur, Fourchaume entreprend de récupérer son précieux employé qui finit par céder. On peut désormais procéder au nouveau lancement de L'Increvable. Encore aurait-il afllu appeler celui-ci L'Insubmersible.

aaaaaaaaaaCe scénario cocasse incarne une histoire taillée sur mesure pour les gags et le comique de Robert Dhéry. En effet, qui d'autres mieux que sa troupe de Branquignols eut pu tirer d'une telle intrigue un niveau comique aussi bon ? Michel Galabru explique d'ailleurs : "C'est sur une idée loufoque, baroque, à la Dhéry que ce film a été taillé. Il y a des gags étonnants qui me font rire." Car il s'agit ici de poser immédiatement des garde-fous : le scénario est écrit pour Louis de Funès, pour lequel Robert Dhéry réaccorde sa confiance, mais c'est bien l'ensemble de la troupe qui s'illustre magnifiquement dans ce long-métrage.

 

Louis de Funès et Michel Galabru, un duo toujours aussi drôle !

 

aaaaaaaaaaContrairement à d'autres films, les acteurs entourant de Funès ne lui "servent pas la soupe" mais participent, créent, soumettent leurs propres idées, font partager leurs trouvailles… Par ailleurs, Robert Dhéry confiait à Eric Leguèbe ses souvenirs sur ses relations avec Louis de Funès : "On le disait difficile. Il l'était lorsqu'il n'avait pas confiance. Lors du tournage du Petit Baigneur, nous avons eu quelques petits accrochages. Il craignait que les autres fassent plus rire que lui. Il se protégeait comme il pouvait." C'est en définitive un film collectif, dans la ligne de mire de La Belle Américaine, où l'on sent une ambiance, une atmosphère dégagées par cette troupe. Car Louis Philippe Fourchaume, merveilleusement interprété par Louis de Funès, ne pourrait tirer - par son seul jeu - une qualité comique aussi puissante, il a besoin d'être aidé, épaulé dans ses trouvailles. Et c'est ce qu'il aime par-dessus tout ; s'amuser avec sa bande de copains qui créent autant que lui. Pour Galabru, "c'est un film extraordinairement drôle, visuel surtout, car c'est Dhéry c'est plutôt le visuel qui prime". C'est une franche camaraderie qui règne, un bonheur pour ses acteurs de se replacer dans un cadre aussi joyeux que pour "Ah les belles bacchantes" et "La Grosse Valse". En outre, Robert Chazal écrivait à ce sujet qu'il existe "des rencontres qui respirent le bonheur de se revoir; ça a toujours été le cas, d'abord au théâtre, ensuite au cinéma, des retrouvailles De Funès-Robert Dhéry. Cette fois encore, leur complicité joue à plein. Le film n'a peut-être pas toujours la liberté d'inspiration qu'on eût souhaitée et certains gags sont parfois téléphonés, mais l'entrain de l'interprète et la bonne humeur de l'auteur-réalisateur ont assuré un franc succès populaire à cette histoire farfelue. A la prochaine !" Et Colette Brosset précisait à Eric Leguèbe que, "lorsque Louis va soi-disant mourir, il y a une scène où Robert est auprès de lui et pleure. On voit nettement, si on observe bien la scène, que Louis a le fou rire. Il y avait une très grande complicité entre Louis et Robert. Il y avait entre eux des choses exceptionnelles que l'on n'a pas toujours sues. Par exemple, ils parlaient ensemble loin de nous tous et ils pleuraient de rire. Puis ils revenaient tous les deux, très sévères, le visage fermé et disaient : "allez, au travail". Ce qui était drôle, c'est lorsqu'on tournait la prise, ils y repensaient et le fou rire les reprenait. [...] Robert, en particulier, le faisait beaucoup rire. Louis lui demandait toujours de pleurer comme sa tante Jeanne.

 

La génèse de la collaboration du tandem Dhéry-de Funès : "Ah ! Les belles bacchantes" puis "La Belle Américaine"... en attendant "La Grosse Valse" et "Le Petit Baigneur" !

 

aaaaaaaaaaColette Robin, scripte sur de nombreux films de Louis de Funès explique à ce sujet : "Il connaissait la troupe depuis longtemps car ils avaient joué ensemble dans "La Belle Américaine" et "Ah les Belles bacchantes". Il y avait Dhéry, Brosset, Legras, ils étaient tous adorables. C'était très gai ils aimaient la rigolade." Robert Rollis, Philippe Dumat, Gérard Calvi, Roger Caccia, Jacques Legras, Pierre Tornade….tous sont en effet familiers de la troupe. Tous ont participé à son développement et sa renommée. Robert Rollis rappelle d'ailleurs cette camaraderie qui se retrouve sans toutefois oublier le statut de Louis : "C'était marrant ! L'important c'était de ne pas faire trop rire quand on était avec lui (rires)... mais bon il était bien entouré avec Legras et les autres !" Enfin, selon les propos de Robert Dhéry rapportés par Brigitte Kernel, "le respect des comédiens. il a tourné avec la plupart de ceux qu'il admirait. Il ne voulait d'ailleurs jouer qu'avec de bons acteurs."

aaaaaaaaaaL'équipe technique, elle aussi, est familière puisque Dhéry s'entoure de son collègue de toujours Pierre Tchernia, ainsi que de Michel Modo, Jean Carmet, Albert Jurgenson et Claude Clément pour signer l'adaptation. Les décors sont confectionnés par Jean et Robert André et le montage bien évidemment confié au grand spécialiste Albert Jurgenson. La musique, sans surprise, est écrite et dirigée par le Branquignol Gérard Calvi. Le film est produit par Georges Valon, associé à Maurice Jacquin et Bertrand Javal.

 

Robert Dhéry et Louis de Funès, dans une scène improvisée...

 

aaaaaaaaaaMichel Galabru, tout comme son ami Robert Rollis se rappelle l'ambiance bon enfant qui régnait : "J'ai eu grand plaisir à faire ce film et d'être accepté dans cette distribution car c'est un film où on a été très heureux : d'abord avec l'ambiance et l'atmosphère de Dhéry qui a une grande et forte personnalité. [...] Lorsque l'on parle de Robert Dhéry, on parle des Branquignols car ça été un succès dont personne ne se doutait." Sur le plateau, Robert Dhéry, connaissant parfaitement les acteurs qu'il côtoie et ce qu'il attende d'eux, dirige de manière très simple comme l'explique Michel Galabru : "Robert Dhéry était très agréable. Il vous indiquait sans vous embêter ce qu'il fallait faire. On pouvait toujours avoir peur de ne pas plaire, mais tout était simple. Il avait tout son schéma, son film dans la tête avec ses gags prêts. Vous savez un gag qui dure deux minutes au cinéma nécessite trois ou quatre jours de préparation. [...] Nous avions aussi l'avantage d'avoir De Funès qui donnait un grand plus au film ; Il y avait dans ce film un tas de gags extraordinaires. Louis voulait un pur comique, inspiré des comiques du muet. Il fallait parler le moins possible et ne jamais faire de la "larmiche" ou du violon. [...] Travailler avec de Funès c'était très dur car lui-même était très dur avec lui-même. Il travaillait comme un fou et n'acceptait pas que l'on ne travaille pas autant que lui. Il n'avait pas du tout mauvais caractère. Il aimait aussi être entouré des acteurs qu'il connaissait, c'était un confort pour lui ar il savait comment ils régiraient. C'est très agréable de s'aimer, de s'estimer pour bien jouer la comédie."

aaaaaaaaaaMichel Galabru conclue admirablement bien en énonçant : "Ce film a été un gros succès, un très gros succès et il le méritait parce que de tels films manquent à l'heure actuelle".

 

Après le succès de "La Grande Vadrouille", Andréa Parisy et Louis de Funès se retrouvent dans ce film irrésistiblement drôle...

 

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